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6
oct
1

Une tirade contre la méfiance et le cynisme chez les professionnels de l’éducation

Posté par magirardBlog, Blogue ÉducationPas de commentaire

Il y a quelques années, une élève du secondaire se suicidait en Gaspésie parce qu’elle était victime d’intimidation. Ce geste désespéré avait ému la communauté de l’éducation québécoise en entier, et ce, des élèves aux parents, des enseignants au ministre : tous étaient d’accord pour que l’école ne tolère pas de tels comportements et qu’elle soit un havre permettant à nos jeunes de s’épanouir. Ça, c’est pour les élèves.

Pour les adultes, cependant, c’est différent. C’est fou ce qu’on tolère dans nos écoles et sur les réseaux sociaux en lien avec notre profession. La liberté de parole, souvent invoquée comme droit fondamental, n’a plus de limites. Prenez ceci par exemple :

Comment un syndicat peut-il faire autant dans la bassesse ? Comment un organe démocratique qui représente des professionnels peut-il publier de telles images ? Comment ses membres peuvent-ils accepter non seulement que ceci soit fait en leur nom, mais que des ressources financières issues de leurs cotisations soient ainsi utilisées ?

Peut-être avez-vous raison si vous me rappelez à l’ordre pour me dire que ces questions relèvent de leur gestion interne. Or, à mon sens, elles relèvent de l’éthique professionnelle !

Quelle aurait été la réaction si le ministère de l’Éducation, son ministre ou ses mandarins avaient fait la même chose avec la tête d’une instance syndicale ? On aurait crié au scandale et les coupables auraient été lynchés sur la place publique. On aurait exigé des excuses publiques et, très certainement, les coupables auraient été congédiés.

Si de tels actes sont initiés par ceux qui sont, de facto, des modèles pour nos jeunes et qu’ils sont dirigés en toute impunité vers celui qui incarne le pouvoir de l’État en éducation, comment, inversement, peut-on sanctionner ces mêmes jeunes qui, en toute légitimité, reproduisent de tels comportements en manquant de respect envers leurs propres enseignants ? Et si c’était votre visage qui était sur l’affiche et qui circulait sur réseaux sociaux ? Ne crieriez-vous pas au manque de respect de votre personne ? De votre profession ?

Bref, c’est correct de la part des adultes d’avoir de tels comportements, mais pour les élèves, s’ils font cela envers d’autres élèves, il y a de forts risques que ce soit traité sévèrement comme étant un dossier relevant de l’intimidation. S’ils font cela envers des enseignants ou n’importe quel membre du personnel scolaire, c’est inacceptable et des sanctions disciplinaires s’imposent. Je veux bien croire que le ministre de l’Éducation est un personnage public, mais à mon humble avis, mépriser la classe politique équivaut à mépriser ceux qui l’on élue. Et quand on travaille avec les enfants de ceux qui ont majoritairement élu cette classe politique, ce n’est rien pour aider les relations avec les parents et espérer une reconnaissance professionnelle de leur part, non ?

En effet, plusieurs acteurs du monde scolaire se plaignent, à juste titre, du manque de reconnaissance du public de la profession enseignante. Est-ce que ce genre d’image nous aide à établir une meilleure image de l’éducation au Québec ? Aucunement !

En parlant de l’image que nous projetons, pensons-y bien. Les pages Facebook publiques destinées aux enseignants, dans certains cas, ressemblent davantage à une discussion sur les Canadiens de Montréal sur RDS.ca plutôt qu’un forum issu d’une communauté d’apprentissage professionnel entretenue par des professionnels de l’éducation qui ont, rappelons-le, un brevet universitaire. Non, mais, c’est vrai… L’éducation québécoise est devenue un dossier similaire au hockey : des commentaires dont les vérités sont exprimées parce qu’elles sont vues et vécues. Les sophismes sont employés à toutes les sauces : on généralise, on prend nos émotions pour des vérités inéluctables, ou d’autres vérités naissent parce qu’on est plusieurs à penser de la même façon. Chers lecteurs, je vous rappelle respectueusement que nous dénonçons nous-mêmes les parents qui emploient ce genre de discours et qui estiment tout connaitre, tout savoir sur la pédagogie…

Il est également difficile de penser autrement en éducation au Québec.  Il faut résolument penser selon des lignes directrices qui sont soit imposées par une culture organisationnelle forte ou par celles que certains syndicats imposent. Dans ce dernier cas, n’avez-vous pas parfois l’impression d’être en mode revendication perpétuel ? Et on se plaint du climat de travail dans nos écoles ? Je sais que c’est une impression et que j’ai à force de lire des certains messages sur les réseaux sociaux ou d’échanger avec des confrères et consœurs dans divers congrès ou colloques, mais il y a une atmosphère de « pied de guerre » très désagréable.

Pour conclure ma tirade, un professeur d’université me disait récemment, de façon informelle : « en éducation, tout est vrai et tout est faux ». Voilà une phrase empreinte de sagesse. N’est-ce pas ce qui fait la beauté de notre travail ? Pourquoi diminuer ceux qui ont nécessairement tout faux ? Pourquoi les ostraciser ? Ne sommes-nous pas le reflet de ce que nous détestons ? N’implantons-nous pas ce que nous voulons éviter de voir en éducation ?

L’éducation à la différence, ce n’est pas que pour les jeunes ; c’est l’affaire d’une vie ! Force est d’admettre que certains d’entre nous préfèrent la confrontation perpétuelle, la méfiance, le cynisme comme outil de mobilisation en éducation. Une question demeure : vous mobilisez qui et dans quel but ? Certainement pas dans le but d’améliorer l’apprentissage de vos élèves et de faire un milieu scolaire où il fait bon vivre !

4
sep
1

La numérisation des épreuves ministérielles n’équivaut pas à leur modernisation !

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Pédagogie, TechnopédagogiePas de commentaire

Plusieurs diront : « finalement » ! Il semblerait que les épreuves ministérielles québécoises prendront le virage numérique dans quelques années… Voilà une belle tentative du ministère pour mettre ses pratiques évaluatives à jour quoique ce dernier pourrait faire preuve d’audace et ainsi saisir l’impulsion du moment pour les moderniser en profondeur.

Dans un premier temps, soyons honnêtes : il n’y a rien de révolutionnaire dans cette annonce. À titre d’exemple, autour de 120 000 iPads sont actuellement dans les mains de jeunes Québécois en ratio 1:1 dans nos écoles. Ces appareils sont d’ailleurs en forte croissance puisqu’il y a trois ans, on parlait d’environ 60 000 unités qui étaient en circulation dans ces mêmes écoles. À titre de comparaison, au Canada, ce sont environ 500 000 unités et aux États-Unis, ce sont 12 000 000 iPads qui sont dans les classes américaines. Bien qu’il ne s’agisse que d’un exemple didactique, il n’en demeure pas moins que les chiffres sont impressionnants. Divers outils de pointe étant désormais disponibles aux enseignants pour l’enseignement, qu’en est-il des stratégies évaluatives ? Bien que l’on puisse en conclure qu’elles demeurent principalement ancrées dans la tradition, il semble qu’on pourrait néanmoins constater qu’un changement est en cours et qu’elles s’adaptent de plus en plus aux approches pédagogiques et aux outils employés. Cela dit, quand les pratiques de terrain, soit celles ayant cours dans un nombre grandissant de classes, sont à des années-lumière des pratiques évaluatives ministérielles ancestrales, n’est-ce pas signe que ce dernier doit mettre les bouchées doubles pour être à l’avant-garde de la pédagogie québécoise ? Depuis quelques années, le « coulage » des épreuves dans les médias sociaux démontre bien que ces dernières ont mal vieilli et qu’elles se sont mal adaptées aux réalités sociales contemporaines. Également, pas plus tard que l’année scolaire dernière, le simple fait de permettre la tablette ou l’ordinateur à des élèves à l’examen de français était d’une complexité bureaucratique folle. Imaginez, en 2017, on doit encore demander une dérogation au ministère de l’Éducation !

Dans un deuxième temps, il faut sortir du carcan de la numérisation des vieilles pratiques pédagogiques, et ce, tant sur le plan de l’enseignement qu’à celui de l’évaluation. Reprendre le même format des évaluations ministérielles et en transformer le format afin qu’il soit compatible avec les outils utilisés en classe, ce n’est pas suffisant. Cette substitution, pour reprendre le jargon du modèle SAMR de Ruben Puentedura, ne fait que changer le contenant sans en modifier le contenu. Cette cure de rajeunissement n’est définitivement pas de refus, mais force est d’admettre que ce qui est plutôt nécessaire, c’est une évaluation des compétences issues du 21e siècle, essentiellement celles permettant, entre autres, l’émergence de la créativité, de la collaboration, du développement de l’esprit critique, de la pensée informatique (ou séquentielle), lesquelles permettent toutes de contribuer à la résolution de problématiques authentiques et complexes.

Autrement dit, ce ne sont pas les services d’informaticiens que le ministère propose de s’adjoindre qui est nécessaire, mais bien ceux de pédagogues dont les pratiques et les approches favorisent le développement des compétences citées au préalable.

Saluons les premiers pas du ministère reconnaissant implicitement que l’intégration des technologies à l’apprentissage n’est pas qu’une simple tendance moderne, mais en même temps, cette reconnaissance doit mener à une importante prise de conscience qui se traduit par des gestes concrets, ayant une incidence sur les acteurs à l’œuvre sur le terrain, en l’occurrence les enseignants et les directions d’écoles ou de commissions scolaires. Comme nous le savons, particulièrement en sixième année du primaire ainsi qu’en quatrième et cinquième année du secondaire, la tendance est à l’enseignement en fonction des épreuves ministérielles, ce qu’on qualifie, en anglais, de « teaching to the test ». Pourrions-nous conclure ou du moins espérer que changer le format des épreuves ministérielles donnerait l’exemple et inciterait les enseignants des matières concernées à changer leurs approches pédagogiques à leur tour ?

En ce sens, la numérisation des épreuves ministérielles telle que proposée ne peut être envisagée comme étant une modernisation. Elle est plutôt un petit pas dans la bonne direction dans une perspective de vision à très court terme. Cependant, pour le long terme, c’est le format complet de ces évaluations qui doit être revu. À ce moment, on pourra parler de modernisation desdites épreuves.

 

28
juin
0

Let’s not fall into technology fetishism !

Posté par magirardBlogPas de commentaire

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Technology is cool. It is impressive and most certainly, it is refreshing in education. However, let’s be critical and cautious. It is not because it is cool, inspiring and refreshing that it has a place in our classroom!

I am a high school principal in Montreal. I am really involved in the local education scene and, usually, I have the opposite problem: I must convince teachers to use the best tools to deepen learning. And let’s face it: the best tools aren’t activity books and worksheets But at #ISTE17, I’ve seen thousands of educators from around the world who are tech curious, if not desperate for new technologies that support their practices.

Let’s not fall into tech fetishism. Not all you see is relevant for teachers. In fact, nothing is relevant until you give it meaning because technology is a tool that amplifies. It’s important to remember that technology amplifies the strengths and the areas of growth in your practice.

When I looked at various social media feeds and posts related to #ISTE17, most of the time on Twitter, Facebook and Instagram, what I saw of #ISTE17 was a celebration of innovative practices that support the inclusion of technology : attendees gathered in awe around robotics, programming tools, components, software, and huge screens.  Just like you, I am impressed by all this technology but as a school principal, I am more anxious about what will be done with it in class.

Of course, we have an obligation to develop our students’ 21st century skills and, for example, if we decide they must learn to code, the critical teacher has to wonder why: why must my students learn to code? What is my pedagogical intention? What should come to your mind is that computational thinking must be developed with children to help foster sequential complex problem solving and find creative solutions in collaboration with their peers.

So technology is great, but it is irrelevant in class without a critical teacher who can leverage deep learning using it.

Arriving at the very last day of #ISTE17, I thought it was an important reminder to use your upcoming vacation to think about the fact that pedagogy is the sole basis of your work: not technology.

M-A Girard

21
juin
0

Céder à l’enthousiasme

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, PédagogiePas de commentaire

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Depuis les États généraux sur l’éducation, vous avez connu une quelconque initiative ministérielle d’une aussi grande envergure que celle proposée par le ministre de l’Éducation aujourd’hui ? Moi non. Il fallait être sur place aujourd’hui, au lancement de la Politique de la réussite éducative, pour ressentir cette authentique effervescence.

Enfin, un vent d’air frais qui vient d’en haut. Les intervenants scolaires se plaignent du manque de leadership ou de vision de la part des instances ministérielles; les voilà finalement servis !

J’ai souvent dénoncé le manque d’ambition de l’éducation québécoise à tous les points de vue. Voilà un gros pas dans la bonne direction !

Bien sûr, il faut se garder une petite gêne. Il s’agit d’une politique et une telle politique ne prend son sens que dans l’action. Les éternels opposants dénoncent que rien n’a changé sur le terrain ou que rien ne changera en septembre. C’est vrai. Les bases sont jetées et on bâtit le reste au-dessus. Ne faut-il pas commencer par là ? Une étape à la fois, non ? Soyons patients !

Peut-on prendre le temps de se réjouir de ce pas de géant et de ce vent de fraicheur ? Peut-on savourer cet optimisme ? La méfiance peut-elle laisser enfin place à l’espoir ? À l’enthousiasme ?

Le ministre l’a répété ad nauseam aujourd’hui : c’est une première étape. Il y a encore du travail à faire et il y aura des mesures plus concrètes qui arriveront durant les prochaines années. N’ai-je pas entendu 1.8 milliard de dollars ? N’ai-je pas entendu de milliers de nouvelles embauches dans nos écoles ?

Dépolitiser l’éducation

Oui, je sais… je vous ai entendus : mauvais timing pour un tel lancement… opportunisme politique… engagements préélectoraux… on s’est fait saigner et maintenant, on réinvestit… des promesses vides… on veut du concret… etc.

Vos craintes sont probablement justifiées. Votre méfiance l’est aussi. Cependant, j’aimerais faire une petite mise au point : lors d’une discussion avec le ministre (oui, je suis un des désormais fameux Crinqués), je lui faisais part de l’une de mes attentes : il faudrait dépolitiser l’éducation québécoise. Nous avons besoin de leadership et de stabilité à la tête du ministère. Il y a eu trop de ministres qui se sont succédé ces dernières années et cela n’aide en rien l’éducation québécoise. Sachant que la présence de ce dernier à la tête du ministère était conditionnelle à sa réélection et aux remaniements ministériels, serait-il possible qu’il y ait un ministre d’État à l’éducation ? Un ministre non élu ?

On pourrait débattre longtemps de cette idée, mais tel n’est pas le but du propos. Je veux tout simplement mettre l’accent sur l’importance d’évacuer le politique de l’éducation pour mettre cette dernière à l’abri des aléas budgétaires, des élections (et des promesses qui y sont associées), de la partisanerie, etc.

Pendant ce temps, à l’autre bout du spectre politique, il y a les gens de terrain. Eux aussi, ils doivent cesser de politiser l’éducation. Exit le cynisme, la ligne de partie, la partisanerie et le reste des comportements humains qui n’aident pas plus la cause de l’éducation au Québec. Bref, on converge. On travaille ensemble dans un seul et unique but : l’élève. Ses apprentissages et sa réussite scolaire.

Bref, passons un bel été. Laissons-nous porter par l’espoir et l’enthousiasme. Permettons-nous de faire ce que plusieurs ont cessé de faire en éducation depuis trop longtemps : rêvons ! Mais surtout, soyons patients et donnons la chance au coureur ! Il y a un ministre à l’écoute de ce qui se passe sur le terrain. Il semble avoir les coudées franches pour agir et changer les choses.

N’oubliez pas : tout le monde veut que ça change, mais personne ne veut changer. Pire : personne ne veut être contraint à changer ! Si vous voulez que le ministre bouge, assurez-vous d’être mobile vous aussi, car je ne pense pas que ce qui s’en vient prolongera le statu quo indéfiniment.

Bon été, bon repos… mérité !

 

 

 

30
avr
0

Passer d’une mentalité fixe à une mentalité de croissance en éducation

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, PédagogiePas de commentaire

 

 

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En presque vingt années dans le monde de l’éducation, autant en tant qu’enseignant que de directeur, j’ai entendu plusieurs excuses provenant de la bouche de professionnels de l’éducation refusant d’intégrer les technologies à leur pédagogie. Je les ai entendues et, je dois l’avouer, je les ai dites également à certains moments de ma carrière d’enseignant. Ces excuses répétées ad nauseam par des milliers d’enseignants, de directeurs, de cadres scolaires et de bureaucrates ont fait que l’école accuse désormais un immense retard technologique sur tous les autres domaines de la société. C’est là qu’on est rendu : nous sommes le wagon de queue, alors que l’école devrait être une locomotive sociale. Voici donc quelques perles traduisant la mentalité fixe qui tapisse les murs de tous nos milieux scolaires, mais surtout, voici comment on peut les transformer en trésor de mentalité de croissance !

« Les élèves passent trop de temps devant un écran ».

C’est bien vrai ! Cela dit, ce n’est pas parce qu’on intègre les technologies de l’information et de la communication (TIC) qu’on doit toujours placer les élèves devant un écran ! Oui, le magistral a encore sa place et oui, il est possible de collaborer sans y avoir recours. Il y a de la place pour des activités débranchées. Imaginez, il y a même possibilité d’introduire la pensée informatique et d’aborder la programmation sans ordinateur ! On peut même le faire en les faisant bouger et en allant dehors !

Autrement dit, il ne faut pas que l’exposition prolongée aux écrans devienne un prétexte pour bannir l’utilisation des TIC des classes. C’en est un suffisamment pertinent pour coordonner les pratiques des enseignants dans l’école et pour se réinventer tant aux plans pédagogiques qu’organisationnels. Quand on y pense bien, que tous les élèves soient assis devant une présentation PowerPoint pendant cinq heures d’affiliés un jour après l’autre, cela ne nous préoccupe pas. Mais s’ils le sont devant leurs bidules numériques en contexte scolaire, ça c’est préoccupant ! Deux poids, deux mesures !

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : Afin d’éviter que les élèves passent trop de temps devant un écran, je m’assure de deux choses essentiellement :

  • De varier mes approches pédagogiques;
  • D’être flexible dans mes approches. Je peux enseigner n’importe quelle notion de différentes façons (je ne recycle pas mes approches nécessairement);
  • De communiquer avec les autres enseignants de mon niveau pour planifier le temps d’exposition à un écran;
  • De comprendre que le temps d’exposition à un écran est peut-être néfaste, mais celui d’exposition à un tableau l’est également. Une pédagogie active est envisageable !

« J’enseigne de la même façon depuis 25 ans et cela a toujours bien fonctionné. Pourquoi aujourd’hui cela ne serait plus bon ? »

C’est probablement ce que j’ai le plus souvent entendu dans ma carrière ! Ceux qui utilisent cette excuse sont ceux qui s’attendent à faire la même chose d’une année à l’autre pendant 35 ans. Ce sont ceux qui tiennent pour acquis que le temps se fige et que rien ne change durant ce moment. Ironiquement, cette excuse semble bien propre au monde de l’éducation. Imaginez un moment que votre médecin vous serve cet argumentaire. Vous seriez effrayé, non ? Les temps changent. Les humains changent. Les jeunes changent. Vos pratiques éducatives doivent changer également.

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : Je prends part au changement en éducation. Je le façonne au lieu de le subir. Je prépare mes élèves aux défis de la contemporanéité et j’accepte d’apprendre à leurs côtés.

Les jeunes en connaissent bien plus que moi par rapport aux TIC !

C’est probable. Ils ne connaissent cependant absolument rien en pédagogie et c’est ce qui fait toute la différence. S’ils en connaissent plus que vous avec les outils technologiques, tant mieux. Déléguez-leur l’aspect technique : c’est valorisant pour eux et cela leur donne un autre rôle à jouer dans leur propre séquence d’apprentissage. De votre côté, fixez les intentions pédagogiques, les modalités évaluatives et encadrez-les en termes de citoyenneté numérique. De grâce, ne vous stressez pas avec l’aspect technique.

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : J’ai confiance en mes moyens. Je ne suis peut-être pas si technocompétent, mais je le deviendrai en utilisant mes outils. D’ici là, j’offre des occasions à mes élèves de m’aider et ainsi, en quelque sorte, prendre part à l’aspect didactique de ma profession !

« On fidélise les jeunes à une marque, à un logo ».

Décidément, il y en a qui ont de l’imagination. Prétendre que l’école doit être à l’abri des offensives médiatiques mercantiles implique une conception en silo de l’éducation. Retranchée dans ses cloisons, bétonnée dans un abri antinucléaire, l’école doit protéger les élèves contre les grandes marques qui veulent les fidéliser. Tannés de voir les pommes croquées au revers des tablettes électroniques de leurs élèves et des logos qui apparaissent lorsqu’ils mettent leur TNI sous tension, ces enseignants omettent que des marques apparaissent même sur les crayons de bois et les effaces de ces mêmes élèves. Il est surprenant que cela ne fasse pas l’objet d’une levée de boucliers, non ? Les marques sont partout : sur nos voitures, sur les panneaux publicitaires, sur notre linge, sur nos sacs, etc. Peut-on trouver des excuses plus sérieuses ? Éduquer à la pensée critique ne se fait pas en laboratoire aseptisé.

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : Je profite de l’occasion pour permettre aux élèves de développer un sens critique face aux marques et à la fidélisation à de grandes entreprises. Cette distance stratégique se développe dans l’action et elle est le résultat du transfert d’un esprit critique en une action critique.

« J’ai besoin d’une formation ».

Lorsque la première tablette électronique est arrivée sur le marché, ma fille avait environ deux ans et demi. Elle a compris assez vite comment cela fonctionnait. Probablement qu’elle n’était pas animée par une crainte de faire des erreurs ou de briser l’appareil… À la défense des enseignants et des autres professionnels de l’éducation, elle n’était pas face à un groupe d’élèves non plus. Il y a un aspect exploratoire qui s’est perdu en enseignement et qu’on aurait avantage à retrouver rapidement.

Les formations de nature « pédagonumériques » sont incontournables, bien évidemment. Cependant, le sempiternel souhait d’être formé par autrui implique une attente que quelqu’un d’autre se charge de ce qui doit être fait pour faciliter lesdites formations. Il semble contre-indiqué de s’attendre à ce que du temps personnel soit pris pour en apprendre plus sur sa propre profession : tous doivent être libérés ou compensés. Pourquoi faut-il attendre après quelqu’un pour se former et pourquoi cela doit-il se faire nécessairement durant les heures de travail ?

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : Je prends le plein contrôle de mon développement professionnel. J’en assume l’entière responsabilité et, lorsque j’ai des opportunités offertes par mon employeur, une association ou mon syndicat, je saisis l’opportunité et la considère comme un complément à ma propre démarche de développement professionnel.

« Je n’ai pas le temps ».

Dans la même veine, il y a deux types de « je n’ai pas le temps ». Il y a celui du programme scolaire qui nous pousse dans le dos et qui fait du quotidien scolaire une routine quotidienne basée sur l’urgence de « passer la matière ». Il y a aussi le temps à investir personnellement dans notre développement professionnel.

Oui, il y a un programme à couvrir, mais recourir constamment à l’enseignement direct par souci d’économie de temps a tendance à démontrer le peu de créativité de bon nombre de professionnels en plus de dévoiler un manque de flexibilité de l’organisation scolaire qui laisse que trop peu de latitude à ses professionnels pour expérimenter pédagogiquement.

Lorsqu’on regarde les enseignants technophiles, ceux qui ont épousé les TIC et les ont intégrées avec succès à leur enseignement, ce sont ceux qui ont investi de leur propre temps dans leur développement professionnel. Et oui, eux aussi ont des obligations personnelles et familiales… Il faut cesser d’attendre après le gouvernement, la commission scolaire ou l’employeur pour évoluer professionnellement ! Bien évidemment, ils doivent en faciliter la tenue, mais la formation continue est d’abord et avant tout une responsabilité partagée et une posture professionnelle assumée personnellement par l’enseignant, le directeur, le cadre scolaire ou le personnel de soutien.

Reformulation selon le principe de mentalité de croissance : Le temps scolaire m’est imposé, mais en tant que professionnel autonome, j’aménage ce temps dans le meilleur intérêt de mes élèves.

Quelques raccourcis

Bien évidemment, ce texte se veut une généralisation. Il n’a pour but que de placer les professionnels de l’éducation dans une perspective de mentalité de croissance pour reconnaitre que les choses doivent changer en éducation et que les forces motrices de ce changement sont à pied d’œuvre dans les classes, avec les élèves. En éducation, il faut cesser d’avoir cette mentalité fixe prétextant que tout est vain, inutile ou dû.

L’élève est en situation d’apprentissage perpétuel et ceux qui l’accompagnent aussi. On ne vous demande pas de tout savoir; on vous demande d’être prêt à avancer avec l’élève, en apprenant à ses côtés. Faites-vous confiance et surtout, faites leurs confiance.

Devant ces quelques généralisations et raccourcis dans le texte, un fait demeure : nous n’avons pas encore atteint le point de bascule qui fait des technologies, un outil incontournable de la pédagogie du 21e siècle pour ainsi développer d’autres compétences chez les élèves. Car, au-delà des compétences disciplinaires, il y a celles qui forment l’élève à devenir un citoyen du 21e siècle : collaboration, créativité, pensée informatique, esprit critique et résolution de problèmes complexes.

25
avr
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Enseignant. Ministre. Du pareil au même !

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, LeadershipPas de commentaire

politicien

J’ai toujours cru que l’union faisait la force. Pas nécessairement dans le sens de faire résistance en bloc. Je parle plutôt de l’union des enseignants, celle qui fait de son collègue un meilleur professionnel et celle qui nous permet, collectivement, de s’élever grâce à l’émulation. Celle qui implique qu’ensemble on repousse les limites pour faire évoluer la profession enseignante et l’éducation au grand complet. Je crois au partage des expertises et de l’expérience. Je crois à la libre-circulation des idées.

Cela dit, je n’ai pas vu le ministre de l’Éducation du Québec à Tout le monde en parle. Je n’écoute pas vraiment la télé. Je n’ai pas pris la peine à regarder son entrevue non plus sur Internet. Parait-il que le ministre y affirmait consulter les enseignants sur le terrain et, aussitôt, la mascarade a débuté. Mon compte Facebook a été dès lors assailli par la médisance de quelques centaines enseignants frustrés :

« À qui parle-t-il ? Pas à moi en tout cas! »

Et le bal partit…

« À moi non plus ! »

« Ouin, moi non plus… »

(Je vous épargne les autres commentaires recelant des quolibets peu éloquents)

Quelques éclairés ont bien tenté de ramener de l’ordre sur le forum quand même suivi par près de 18 000 membres, mais ils ont été rabroués par une masse de fielleux remplis de hargne.

Mon but n’est pas de faire le procès de personne. Cependant, considérons ce qui suit et qui pourrait faire de nous une profession mieux soudée :

  1. Cela fait deux fois que j’assiste à un congrès sur le leadership en éducation en Alberta. Les deux fois, le ministre de l’Éducation albertain y a été invité et il y a livré un discours. Dans les deux cas, il a été présenté par le président de l’Alberta Teachers’ Association (ATA). L’an dernier, à sa première année dans ses nouvelles fonctions, il a été ovationné. Vous avez bien lu : un ministre de l’éducation ovationné par des enseignants, des directeurs, des conseillers pédagogiques de sa province. Cette année, il n’y a pas eu d’ovation, mais je me souviens très bien d’avoir entendu le président syndical présenter son ministre comme étant « mon bon ami » avant de lui céder le micro et avoir vu une franche poignée de main. Les deux hommes se vouaient une admiration réciproque. En Alberta, il y a un seul syndicat qui est aussi un ordre professionnel pour les enseignants (oui, les deux à la fois). Le président de l’ATA est une personne puissante et influente. Tout cela pour dire qu’on ne verrait jamais cela au Québec. Pourquoi ? Parce que la ligne de partie ne s’établit pas en fonction de l’équilibre entre ce qui est mieux pour l’élève et pour les professionnels qui les encadrent.
  1. Les enseignants qui se plaignent de ne pas être écoutés semblent oublier qu’ils sont eux-mêmes dans une position d’autorité. Ils prennent constamment des décisions qui ont des effets sur des enfants, leurs parents et des familles. Le pouvoir d’un enseignant sur la vie d’autrui est immense. Comment peuvent-ils ne pas comprendre l’immensité de cette même responsabilité qui pèse sur les épaules du ministre ?
  1. Cessons de jouer à la victime. On s’humilie soi-même ! Est-ce que se plaindre de son triste sort aidera à faire reconnaitre la pratique professionnelle ? On se nuit mutuellement. L’image que nous projetons à la population nous concernant est carrément gênante à cet égard.
  1. Nous critiquons constamment les gouvernements qui se succèdent, lesquels ne sont jamais à la hauteur de nos attentes. Et si nous nous rangions derrière le ministre ? Et si on s’élevait au-delà du discours politique ? Ne critiquons-nous pas quand le politique ou l’économique prend le dessus sur l’éducation ? Et que faisons-nous ici ? Nous politisons un débat. Bref, nous faisons exactement ce que nous reprochons à nos élus. On a le gouvernement que l’on mérite, celui que nous élisons. Un soutien à un ministre de l’Éducation, quel qu’il soit, est un soutien à l’éducation. Ce soutien donne les coudées franches à ce dernier pour aller revendiquer des fonds au Conseil des ministres. Ce n’est donc pas avec un cynisme aussi acrimonieux qu’on réussira à mettre l’éducation à l’avant-plan des orientations gouvernementales ! Le rapport de force existe parce qu’on l’alimente. Point.
  1. Cessons de chialer que « le gouvernement n’écoute pas les enseignants ». On l’a entendu à la suite de l’implantation de la réforme il y a plus de quinze ans et on l’entend encore fréquemment en ces temps d’austérité budgétaire. Ça veut dire quoi « écouter les profs » ? Parlent-ils d’une seule et unique voix ? Non. Quels sont les conseils qui sont donnés au ministre ? Mettez-vous à sa place : vous allez dans les écoles, vous rencontrez le personnel scolaire de chacune des écoles visitées. Et ensuite ? Vous tracez une ligne de ce qui est commun dans les discours et dans ce que vous avez constaté de visu. Or, l’école n’est pas que l’apanage des enseignants. C’est une institution sociale et culturelle. Il y a d’autres acteurs aussi qui y gravitent sans nécessairement en être des experts en pédagogie ! L’école doit être à l’image de sa communauté. Cessons de prétendre que seuls les enseignants (ou les directeurs par la même occasion) détiennent le monopole de la vérité. De plus, le personnel scolaire sait mieux que quiconque que ce qui est bien pour un élève n’est pas toujours ce qui est exigé par ce dernier ou par ses parents ! Ce qui est le mieux pour l’éducation n’est pas nécessairement ce qui est prôné par les enseignants. Le discours du « écoutez-nous, on a raison » est totalement condescendant.
  1. Quel exemple donnons-nous à nos élèves ? Ne leur enseignons-nous pas à dépersonnaliser les débats et à faire preuve d’objectivité, eux qui sont des réelles boules d’émotions sur deux pattes. Combien de fois entendons-nous que « le prof ne m’aime pas », « le prof m’ignore » ou « le prof a ses préférés ». Et cela est vrai ? Non. Pourquoi utiliser nous-mêmes une rhétorique similaire ? De plus, serions-nous fiers de faire lire ces centaines de commentaires à nos élèves ? Que penseraient-ils s’ils vous lisaient en train de vilipender votre patron de la sorte ? Que penseraient-ils de vous s’ils constataient que vous agissez contrairement à ce que vous prêchez en classe ? Accepteriez-vous que vos élèves écrivent de tels commentaires à votre égard dans un groupe Facebook ? Vous êtes un personnage public vous aussi et, je vous le rappelle, on vous juge et on se méfie de vous aussi, et ce, bien souvent sans raison. Nous sommes tous dans le même bateau. Aussi bien ramer ensemble, dans la même direction…

Les communautés d’apprentissages en ligne sont pertinentes et incontournables. Nous l’avons vu, elles ont également leurs torts et leurs travers. Quand je lis qu’ils doivent être « Un lieu de discussion et de partage au sujet de l’enseignement et de l’apprentissage », je me dis qu’on vient de manquer à cette visée.

9
avr
0

Le leadership féminin en éducation, une histoire de portes fermées

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, LeadershipPas de commentaire

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English version below

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Le leadership féminin en éducation, une histoire de portes fermées

J’assiste à une intéressante journée de discussion sur le leadership féminin en éducation. Il y a certainement une centaine de participantes et environ cinq hommes qui y participent. Il n’y a que deux participants du Québec, malheureusement. Toutefois, je suis heureux de découvrir de nouvelles leaders qui proviennent de (presque) partout au Canada et même, certaines viennent d’Angleterre et d’Écosse !

On parle d’obstacles principalement à être relevés par des femmes, soit des obstacles qui n’ont pas à être relevés par les hommes. S’il est intéressant d’entendre les femmes verbaliser leurs difficultés à s’affirmer comme leaders dans leurs milieux respectifs, il n’en demeure pas moins que ces dernières semblent différer selon les milieux.

On y parle d’ouvrir des portes aux femmes en éducation et, surtout, cette discussion devrait s’étendre à toutes les filles d’âge scolaire, en tant que leaders en devenir. Cela semble une évidence et, d’ailleurs, qui pourrait s’opposer à cela ? Cependant, ne peut-on plus simplement se contenter de marcher à travers des portes qui nous ont déjà été ouvertes ? Ce qui est à souhaiter est que la société instille toute la confiance et la détermination nécessaires à ces femmes pour qu’elles enfoncent les portes qui demeurent fermées. Ce faisant, elles en inspireront d’autres à faire de même et, à ce moment, les choses finiront par changer.

Plusieurs femmes veulent que les portes demeurent ouvertes ? C’est louable. Ce qu’elles peuvent tenir pour acquis aujourd’hui a certainement été un combat autrefois. Ce que je souhaite, cependant, c’est que nous formions et éduquions des générations de jeunes femmes qui puissent apprendre à défoncer ces portes. Il faut les éduquer au courage, à l’opiniâtreté et à la persévérance. C’est la seule façon, à mon avis, de voir à l’égalité des sexes.

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Women leadership in education, a tale of closed doors

(English is not my first language so please bear with me… Just trying to get out of my comfort zone here !)

I had the pleasure to participate to a full-day workshop concerning women leadership in education : over a hundred women from everywhere in the world (and about five men…), but, sadly, only two participants from Québec. I was fortunate enough to meet with fabulous female leaders from (almost) everywhere in Canada, as well as England and Scotland.

We talked about barriers to become leaders in education, which are mainly reserved for female leaders, barriers that men don’t need to address. It is rather interesting to hear women verbalizing their feel on such an emotional subject and I realize that those barriers simultaneously seem common to all of them as well as being unique, in a way, to their respective environment.

We talked about opening doors to women in education, but most importantly, we should extend the discussion to young girls in their process to become a leader. Open doors… who could oppose to such a conclusive evidence ? However, should we satisfy ourselves by simply walking through already opened doors ? Instead, what we need is a society that instills confidence and determination to female educators so they feel strong enough to smash into closed doors. Therefore, they will inspire other women (and other men) to do the same and only then, things will change !

Most women want doors to stay open ? That’s truly amazing. What they can take for granted today was once a struggle for them. However, I dearly wish that we educate and instruct young females to learn to persevere and be courageous so they can, eventually, smash their own closed doors. As far as I’m concerned, it’s the only way we’ll be able to implement sustainable change.

9
avr
0

Perdre la faculté de rêver

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, PédagogiePas de commentaire

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Avoir des projets en éducation, c’est douteux et inquiétant. Si ce l’est pour les enseignants et pour les directions d’école, ce l’est encore plus pour le ministre de l’Éducation ! L’idée de Lab-école est-elle si mauvaise ?

Ce qui irrite les sempiternelles vierges offensées du monde de l’éducation, c’est essentiellement deux choses. D’une part, on ne consulte pas ceux qui travaillent dans les écoles et, d’autre part, on investit 1.5M$ annuellement dans ce projet pendant cinq ans alors que les écoles décrépissent à vue d’œil et que le système d’éducation québécois s’enlise peu à peu depuis des années de vache maigre.

En éducation au Québec, ceux qui ont de bonnes idées dérangent. On les trouve prétentieux, idéalistes, déconnectés et menaçants. Ils prennent trop de place. On les jalouse. On les ostracise. L’éducation, malheureusement, c’est le royaume de la mentalité fixe, celle où rien ne doit changer ni évoluer.

Encore une attitude cloisonnée

Qu’y a-t-il de mal à ce que des acteurs de la société se donnent la main pour aider l’éducation ? Ils n’en ont pas l’expertise ? Est-ce que les enseignants, eux, vont dire à Ricardo comment faire son potage ? Devons-nous citer à l’unisson ce magnifique cri de ralliement désormais célèbre : « L’expert dans la classe, c’est le prof » ? À chacun son métier, semble-t-il !

Un architecte rêveur, un sportif extrême et un chef reconnu apporteront leur contribution pour réinventer l’école. Hérésie ! Pourquoi demander à des personnes hors du réseau scolaire de réinventer l’école, alors que des centaines de milliers d’acteurs du réseau sont à pied d’œuvre quotidiennement dans nos écoles et commissions scolaires ? La réponse est simple : ceux qui sont en place depuis une vingtaine d’années (ou même plus), et je m’inclus dans le lot, ont tout simplement échoué à faire évoluer l’éducation au même rythme que la société. Imaginez quelques représentants de ce beau monde autour d’une table lancer ad nauseam les habituels « ça ne fonctionnera pas ».  Je pense que nous avons démontré que nous avons fait le tour du jardin des idées de l’intérieur. Nous avons besoin d’aide de l’externe.

La vraie question à se poser est plutôt celle-ci : pouvons-nous nous permettre de refuser une quelconque aide en éducation ?

Ces trois individus en ont beaucoup à nous apprendre à bien des égards et leur contribution à la société québécoise est indiscutable. Non seulement ont-ils réussi dans la vie, mais en plus ils ont voyagé et appris des choses que nous ignorons et qui pourraient nous être utiles dans les circonstances. J’ai vu une conférence de Pierre Thibault et son récit de visite des écoles au Danemark, au Japon et ailleurs. J’ai pris des notes et ces notes se transformeront en action prochainement. Dans nos écoles, dans nos commissions scolaires, bien peu d’intervenants peuvent s’offrir le loisir d’aller dans d’autres pays ou même d’autres provinces pour s’enquérir des mœurs éducatives et venir en témoigner ici au Québec. C’est rare essentiellement pour deux raisons : si on a le malheur de dépenser des sous pour autre chose qu’un besoin dans une classe, c’est inacceptable. Deuxièmement, nous sommes trop absorbés par l’urgence du quotidien scolaire et il nous est pratiquement impossible de nous affranchir de nos obligations pendant une ou deux semaines; le monde arrêterait de tourner !

Un investissement ?

Selon la planification budgétaire dévoilée en mars dernier, le Gouvernement québécois dépensera un total de 103.7G$ pour l’année. Il mettra un tout petit 1.5M$ de côté pour financer le Lab-école. On parle ici d’une minime partie du budget qui est investi à ce projet : 0.0014% des dépenses de l’état. Oui, je sais, 1.5M$ ferait toute la différence dans nos écoles, surtout dans celles en milieu défavorisé. Et si on considérait plutôt cela comme un investissement et une tentative de réinventer notre modèle scolaire qui semble être sur le respirateur artificiel ? Devrions-nous vraiment dénoncer 1.5M$ investis annuellement pour les cinq prochaines années, lesquels pourraient permettre de mieux organiser nos écoles et ainsi, entre autres :

  • Diminuer le taux de décrochage scolaire de façon durable;
  • Augmenter le sens d’appartenance des élèves, leur mobilisation et leur motivation;
  • En faire un lieu central dans nos quartiers, un lieu ouvert sur la communauté ?

On critique l’inaction des instances ministérielles ou gouvernementales. On critique également leur manque de créativité et de flexibilité. On les accuse d’être déconnectées des réalités des milieux scolaires. Quand ces mêmes instances accouchent d’un projet, que faisons-nous ? Nous les critiquons, bien évidemment ! Tant qu’à être critiqué, autant bien l’être en essayant de changer les choses. En ce sens, bravo monsieur le ministre de l’Éducation.

Il faut donc être réellement culotté pour critiquer des initiatives extérieures qui pourraient nous aider à travailler dans un environnement plus propice aux apprentissages et au bien-être de nos élèves. Nous manquons d’humilité. C’est un peu comme si les bonnes idées devaient nécessairement venir de l’intérieur du cercle. La vérité est crue : peu importe d’où viennent les idées en éducation, on les écrase, on les passe à la moulinette. Même, parfois (un peu trop souvent), on défait également ceux qui ont ces idées. Il n’y a pas de place pour le rêve dans notre profession : on a trop de correction, trop de paperasse, trop de « tâches connexes » pour lesquelles nous ne sommes pas payés. À s’écouter chialer, on se demande pourquoi notre travail n’est pas reconnu dans la société… on peine à reconnaitre le travail et les initiatives de nos propres collègues… Comment espérer être reconnu par « monsieur et madame tout le monde » ?

Donner la chance aux coureurs

Le Lab-école est-il viable ? Je pense que oui. Du moins, je leur donnerai la chance de le prouver et même, si je le peux, je ferai en sorte que ce projet réussisse. Je demeure disponible pour eux. N’importe où, n’importe quand, n’importe comment. Mon but et le leur est le même : faire de l’école une expérience de vie enrichissante pour moi et surtout, pour ceux que j’aime : mes enfants, mes élèves et mes collègues. Point à la ligne.

Cependant, il faut avertir les trois vedettes et le ministre : bonne chance ! Vous allez vous buter à un paquet d’obstacles que les acteurs de l’éducation placeront devant vous. Vous serez critiqués et même boudés. Nous sommes effectivement passés maitres dans l’art de se mettre des bâtons dans nos propres roues et dans celles de nos collègues. On vous critiquera sur idées de beurre d’arachides à la cafétéria (en passant, j’y suis allergique) ou sur les clôtures Frost qui ceinturent les terrains de nos écoles, et ce, bien avant que vous ayez pu débattre de ces idées entre vous et que vous les ayez présentées officiellement aux acteurs du milieu scolaire. On vous fera comprendre que vous ne connaissez rien en éducation et c’est justement ce pour quoi nous n’avons pas notre place parmi vous : nous avons perdu la faculté de rêver. Allez… au travail, messieurs, et ça presse.

 

16
mar
0

REFER l’empreinte professionnelle

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, Pédagogie, TechnopédagogiePas de commentaire

Impression

En visite à la quatrième édition du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER) à Québec, je dois vous avouer qu’il y a quelques petites perles à partager !

En effet, il y a quelques jours, je publiais un texte qui a fait réagir le milieu scolaire : les profs enseigneraient comme on leur a enseigné lorsqu’ils étaient eux-mêmes à l’école. Un ancien collègue de direction a d’ailleurs saisi l’occasion pour m’informer avoir entendu ceci lors d’une formation il y a quelques années : « Un prof, c’est un élève qui a changé de bord ! » Voilà qui est révélateur, non ?

Pourtant, je suis au REFER depuis tôt ce matin. J’y rencontre plein d’enseignants allumés qui parlent de créativité en pédagogie. Oui, les deux termes sont compatibles ! Et je dirais même plus : dans toutes les discussions que j’ai eues avec les congressistes, il a été question de collaboration. Autrement dit, on décloisonne la pédagogie en collaborant et en pensant à l’extérieur des cadres habituels dans lesquels nous menons le quotidien éducatif des élèves qui nous sont confiés ! Je serais même porté de prétendre que la créativité et la collaboration, du moins en pédagogie, vont de pair. Rien de moins. Il semble impossible d’aborder l’un sans l’autre !

Effectivement, au 21e siècle, il semble essentiel de sortir de son silo pour aller à la rencontre des autres enseignants afin d’explorer de nouvelles approches pédagogiques. Il semble illusoire de créer en pédagogie en étant seul dans son coin. Avec l’invasion des outils technologiques combinée à celle des médias sociaux, de nouveaux moyens s’offrent à nous et les possibilités pédagogiques sont décuplées. Devant ce vaste univers, choisir de demeurer seul et isolé est aussi déplorable qu’effrayant, car cela risque fort de conduire l’enseignant lentement vers un trou noir, pour y être complètement aspiré. Le plus effrayant est certainement le statu quo dans un monde en mouvement, non ?

Pour sa part, le REFER contribue à défaire cette culture traditionnelle en enseignement pour instiller un vent de changement. Il aide à défaire cette vieille empreinte tenace pour en implanter une nouvelle plus flexible et mieux ancrée dans le siècle actuel. En ce sens, il contribue à REFER l’empreinte professionnelle des enseignants.

Les compétences du 21e siècle

Le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx a, encore une fois, su séduire son auditoire enseignant. Pour ma part, j’ai retenu une chose de son discours : il a abordé la question des compétences du 21e siècle. Eh bien, je ne pensais jamais entendre ceci de la bouche d’un ministre ! Cela démontre qu’il est d’avant-garde et qu’il maitrise bien ses dossiers. J’oserais même dire qu’il est plus à l’avant-garde d’un bon nombre d’enseignants, de directeurs, de syndicats, de bureaucrates et de politiciens !

Le ministre dit vouloir rassembler des enseignants allumés pour jaser de la place des technologies en éducation. Présent ! On est rendu là depuis un bout et il est temps qu’on en parle sérieusement. Bravo pour l’initiative !

La est également bien installée : 9 élèves en mode création en direct. Une imprimante 3D roule sans arrêt. Un drone prêt à voler ! Des launch pads, des ordinateurs, des caméras 4K, etc. Quelle est la réaction des enseignants ? Il y a de l’émerveillement, de l’étonnement, mais c’est surtout la phrase suivante qui sort de leur bouche : « on n’avait pas ça quand on allait à l’école ! »

Sommes-nous en train de briser le réflexe culturel lié à l’empreinte professionnelle en enseignement ? Probablement. Ce genre de commentaire nous laisse croire que nous sommes effectivement sur la bonne piste !

 

12
mar
4

Pourquoi il est si difficile de changer le monde de l’éducation ?

Posté par magirardBlog, Leadership, Pédagogie, TechnopédagogiePas de commentaire

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Depuis les cinq dernières années, j’ai lu sur le changement en milieu scolaire, sur le leadership, sur la pédagonumérique et sur les compétences issues du 21e siècle. J’ai écrit un livre et j’ai donné des dizaines d’ateliers sur ces sujets, et ce, même si Michael Fullan reconnait qu’il est « difficile de changer le monde à coup d’atelier » ! Mais en écrivant ce billet de blogue, j’ai l’impression de boucler une petite boucle avec une information qui me manquait pour mieux saisir le phénomène du changement en milieu scolaire : l’empreinte professionnelle.

L’empreinte professionnelle

La venue de l’enseignement par compétences est en profonde rupture avec l’approche traditionnelle de l’enseignement, laquelle est principalement axée sur l’acquisition des connaissances figurant au programme d’études. En effet, ce dernier paradigme scolaire est issu d’une longue tradition qui remonte à la fin du préceptorat, soit au 17e siècle (Gauthier, Bissonnette et Richard, 2013, p.35), ce qui nous permet d’affirmer qu’une rupture avec une telle culture pédagogique ne se fait pas si facilement ! De plus, il s’agit d’un modèle qui se renouvèle pratiquement automatiquement, surtout lorsqu’on prend en compte les recherches sur l’empreinte professionnelle qui démontrent que les enseignants ont tendance à enseigner de la façon dont on leur a jadis enseigné (Tardif et Lessard, 1999, p.380). Selon les deux éminents chercheurs, il s’agit de « l’instance de reproduction de la pédagogie traditionnelle ». Ce phénomène explique également pourquoi les plus jeunes enseignants qui arrivent dans un nouveau milieu scolaire ont tendance à enseigner comme on leur a enseigné ou comme leurs nouveaux pairs plus âgés, donc plus expérimentés. Selon la professeure Danielle Raymond, de l’Université de Sherbrooke, les forces du transfert de la culture enseignante plusieurs fois centenaires (Gauthier, Bissonnette et Richard, 2013, p.35) sont puissantes et il est difficile d’aller à contresens de celle-ci :

Cela « (…) semble agir comme un phénomène d’empreinte qui fournit des réponses ritualisées à des tâches ressenties comme familières. Ces « certitudes » doublées de l’exigence d’être fonctionnel très rapidement compromettent la construction de pratiques d’enseignement requérant une réflexion sur la nature des connaissances, de l’apprentissage, du rôle de l’élève et de celui de l’enseignant » (Raymond, 2001, p.23).

On dépasse donc la question du choix de carrière basé sur des expériences positives et gratifiantes, et ce, malgré que Tardif et Lessard estiment que la perception innée de la profession enseignante se traduise par des « j’ai toujours su que j’étais fait pour enseigner ». C’est un peu le côté sombre de l’appel vocationnel : lorsque les enseignants attribuent à leurs traits de personnalité leur réussite professionnelle, ils négligent qu’ils font de leur profession une histoire axée sur leur vie et non celle de leurs élèves !  En réalité, le phénomène d’empreinte est ancré dans cette perception et devrait être traduite de la façon suivante : « j’ai toujours su que j’étais fait pour enseigner de cette façon-là ». D’ailleurs, « Une majorité d’enseignants accorde peu de valeur à leur formation à l’université (…) et privilégient (…) une pédagogie traditionnelle apprise sur les bancs d’école comme élève » (Tardif et Lessard, 1999, p.381). Lorsque les traits de personnalité sont prétendument à la base du savoir-enseigner, c’est davantage un discours de mentalité fixe qui est évoqué.

Lorsque les traits de personnalité sont prétendument à la base du savoir-enseigner, c’est davantage un discours de mentalité fixe qui est évoqué.

Avec l’arrivée du 21e siècle, des médias sociaux, de la démocratisation des technologies et avec l’émergence de nouveaux défis sociaux, l’empreinte professionnelle chez les enseignants est probablement l’explication de base lorsqu’on essaie de comprendre le décalage entre l’école et la société ! D’une part les humains qui œuvrent à l’école prennent leur personnalité comme point de référence professionnel et de l’autre, une société qui mue à une vitesse vertigineuse.

Que faire ?

Les compétences professionnelles doivent être perçues comme étant dynamiques et constamment à parfaire. C’est le principe de la mentalité de croissance (Dweck, 2006) qui, d’un point de vue professionnel, incite l’enseignant à adopter une posture d’apprenant pour parfaire ses connaissances et des compétences professionnelles dans le but de faire évoluer sa propre pratique et, par le fait même, sa profession entière. Il faut cesser de prendre les choses pour acquise en éducation en prétendant que tout est immuable. Éradiquons les phrases suivantes :

  • « Les élèves ne changent pas »;
  • « Ça fonctionnait avant, ça va fonctionner maintenant »;
  • « Les élèves sont moins forts d’une année à l’autre »;
  • « Les élèves qui sont en échec sont ceux qui n’écoutent pas en classe ».

Assumer son leadership

citait avec éloquence, dans son allocution TED, que si vous ne dérangez personne lorsque vous initiez une démarche de changement, c’est parce que vous ne changez rien réellement. C’est probablement la règle du leadership du 21e siècle en éducation : il faut déranger l’ordre établi pour que cela devienne la norme. À l’heure actuelle, ce qui est la norme est d’écouter les membres du personnel se plaindre de leur sort dans la salle des prof. La journée que les enseignants positifs, ceux-là mêmes qui sont des vecteurs de changement dans leur école, prendront à l’assaut les corridors de l’école ainsi que le salon du personnel, les choses commenceront à changer.

Il faut laisser les leaders positifs transformer les milieux scolaires et leur permettre d’atteindre de nouveaux sommets et il faut que ces derniers travaillent en toute impunité. Bien malheureusement, à l’heure actuelle, tout est en place pour protéger ceux qui sèment des obstacles à tout vent et qui récoltent la tempête !

Enfin, il faut s’éloigner de la facilité en éducation. Exit les recettes gagnantes exportables au nom de l’apologie des données probantes. Pire, exit les stratégies et le matériel recyclés d’une année à une autre. Servir le même matériel, la même approche à des élèves différents d’une année à une autre est un manque d’éthique professionnelle et une démonstration flagrante de notre peu de considération envers ceux qui apprennent. Enseigner, c’est complexe. Il faut l’accepter et se placer en position permanente d’apprenant pour s’adapter continuellement.

Enseigner, c’est complexe. Il faut l’accepter !

Quand on y pense bien, les difficultés n’existent pas vraiment ; elles sont le fruit de notre perception. Les situations deviennent des difficultés lorsqu’on les identifie en tant que tel. Pour certains, c’est un objet de découragement et de démotivation alors que pour les autres, c’est un défi et un élément motivant pour continuer à avancer. Nous souhaitons enseigner la persévérance à nos élèves et nous devons leur servir de modèle à cet égard.

Pour en revenir à l’empreinte professionnelle, « un enseignant demeure toujours d’une certaine façon un ancien élève, un adulte qui n’a jamais vraiment quitté l’école, mais, en même temps, il lui faut aussi rompre avec l’univers des élèves » (Tardif et Lessard, 1999, p.383). C’est bel et bien l’élève qui est « livré à son propre destin » et non l’enseignant qui alimente la pensée magique de sa personnalité ou de son appel vocationnel pour justifier son travail auprès des élèves.

Auteur : M-A Girard ()

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Dweck, C. S. (2006). Mindset : The New Psychology of Success. New York : Random House.

Fullan, M. (2015). Le leadership moteur. Québec : Presses de l’Université du Québec.

Gauthier, C., Bissonnette, S., Richard, M. (2013). Enseignement explicite et réussite des élèves : la gestion des apprentissages. Saint-Laurent : ERPI.

Raymond, D. (2001). « Processus et programmes d’insertion professionnelle des enseignants au collegial ». Pédagogie collégiale 14(3), p. 22-27.

 

Tardif, M., Lessard, C. (1999). Le travail enseignant au quotidien. Ste-Foy : Les Presses de l’Université Laval.

29
jan
0

Si l’évaluation n’était pas une finalité…

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, Pédagogie, TechnopédagogiePas de commentaire

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Si l’évaluation n’était pas une finalité au Québec, le quotidien scolaire de nos élèves serait bien différent. Voici quelques exemples éloquents :

La rétroaction serait présente souvent et tôt dans le processus d’apprentissage

Pour une fois que les chercheurs en éducation pointent tous dans le même sens ! La rétroaction en cours d’apprentissage est incontournable. Bien malheureusement, bon nombre d’enseignants n’ont pas compris cela encore et la seule rétroaction disponible est le résultat d’une évaluation qui, avouons-le, survient trop tardivement dans le processus d’apprentissage. Bien au contraire, cette pratique devrait tapisser toute la démarche académique et y jouer un rôle central.

Voilà une preuve accablante que nous accordons plus d’attention à l’évaluation en tant que produit fini considéré à tort comme imperfectible plutôt qu’à la progression de la démarche elle-même. Si, en corrigeant, vous percevez qu’il y a une grande place à l’amélioration, peut-être que la rétroaction est l’ingrédient manquant à la recette pour le succès ?

Les possibilités de plagiat seraient minimes

Cette citation tirée du pour une pédagogie renouvelée, active et contemporaine en a fait sourciller plus d’un : « L’évaluation, dans un contexte numérique, est donc à remanier. À quoi vont servir les quantités phénoménales d’informations dans lesquelles l’élève est plongé quotidiennement ? Pourquoi l’évaluer en lui posant des questions auxquelles Google pourrait si facilement lui répondre ? ».

La qualité de l’évaluation reflète bien souvent celle de la pédagogie et cette dernière, trop souvent, est complètement déconnectée des réalités sociales contemporaines. Tous ces enseignants qui s’évertuent à enseigner comme il y a 20 ans continuent à évaluer de la même façon, et ce, malgré que les élèves aient accès à d’autres outils qui n’existaient pas à l’époque. Souvenez-vous bien : avant, dans le bon vieux temps, à l’époque où tout était mieux que maintenant (sic), le plagiat se limitait presque à poser les yeux sur la copie de son voisin ou à la réutilisation du travail d’un collègue. Aujourd’hui, avec ses milliards de pages, il y a de belles possibilités de copier du matériel issu d’Internet. Cette situation est exacerbée par le fait que l’évaluation n’a malheureusement pas évolué : nous posons toujours les mêmes questions mobilisant pratiquement les mêmes savoirs déclaratifs au même moment, au lieu de mobiliser la globalité de l’élève au sens où, on rend compte de qui il est devenu (en prenant pour acquis que l’apprentissage a un effet transformateur chez l’apprenant), de ce qu’il sait et surtout, de comment il transfère ce qu’il a appris dans des situations authentiques issues de son monde.

Bref, il est facile de plagier quand ce qui est attendu des élèves équivaut à régurgiter ce qu’ils ont présumément appris ou à chercher des réponses sur lesquelles des millions de personnes se sont déjà penchées précédemment. Et c’est là que la créativité entre en jeu. Pourquoi ne pas reproduire, par l’évaluation, des contextes réels, susceptibles d’intéresser les élèves, au lieu de s’évertuer à demeurer dans un laboratoire contrôlé ?

Les évaluations seraient différenciées

On réviserait nos modes évaluatifs tous les ans en fonction de nos élèves plutôt que de réutiliser les mêmes évaluations au même moment de l’année. Cela a deux fonctions principales. La première : elle permet à l’enseignant de façonner l’évaluation en fonction des élèves présents en classe. La différenciation pédagogique n’est pas que pour l’enseignement ; elle est pour l’évaluation aussi ! En second lieu, comment se sentent les élèves face aux épreuves récurrentes ? Soit que l’enseignant dit « l’examen est difficile. Les élèves échouent toujours cette partie » ou que cette rengaine provient de leurs propres compagnons de classe : « c’est le même examen. Il est difficile ! Eille, bonne chance ! » Bref, peut-on cesser cette routine évaluative ? On y évalue les élèves d’aujourd’hui avec des approches axées sur ceux d’hier ! Quel décalage humain rétrograde ! Cessons de rechercher l’épreuve uniformisée !

Il n’y aurait pratiquement aucune pénalité pour des travaux remis en retard ou non remis !

En Ontario, il a été question de cesser de pénaliser les élèves qui remettent leurs travaux en retard ou qui ne le remettent pas du tout sous prétexte que cela nuit à la réussite. Bien évidemment, ceux-ci ont une obligation d’implication dans leurs propres études et ils doivent démontrer une honnêteté intellectuelle, mais faut-il ajouter une pénalité supplémentaire à celle qu’ils s’infligent eux-mêmes ? La commission scolaire ontarienne de York Region estime, dans son document de règles et procédures intitulé « Procedure #305.1, Timely Completion and Submission of Assignments for Evaluation, Grades 7-12 », que l’élève se pénalise lui-même puis qu’il semble évident que l’apprentissage s’insère dans un momentum, au moment où il est réalisé dans la classe, avec tous les participants. Si le travail est remis deux mois plus tard, l’élève s’affranchit volontairement de ce momentum et choisit de travailler à l’extérieur d’un contexte favorable mis en place par un enseignant bienveillant.

Dans ce document, il est question de la responsabilité qu’a l’élève de démontrer, par des artéfacts et des traces, du degré de maitrise d’une compétence. Dans le cas où il choisit de ne pas le faire, le zéro est la dernière solution et il est clairement indiqué que ce zéro, le cas échéant, ne doit aucunement entrer dans le calcul de la note finale puisque ce zéro témoigne davantage de compétences liées à l’organisation de l’apprentissage ou aux habitudes de travail plutôt qu’à l’apprentissage lui-même.

Au Québec, on est loin de là. Un travail non remis, et on l’entend souvent dans nos écoles, « ce n’est pas mon problème ». Même, à la limite, c’est moins de travail. En Ontario, il est attendu de l’enseignant qu’il communique avec les parents, prenne une entente avec l’élève, le talonne, lui donne de l’aide supplémentaire, etc. Bref, un travail non remis en Ontario, c’est tout un problème et une grande charge de travail. Un travail non remis, c’est définitivement le problème de l’enseignant et c’en est tout un ! Ce problème doit être partagé par tous les intervenants externes à l’élève et l’enseignant, en l’occurrence les parents et la direction d’école.

Autrement dit, l’évaluation n’est pas une fin en soi. C’est une étape de l’apprentissage et l’occasion pour l’enseignant d’utiliser divers instruments pour mesurer où en sont les apprenants sous sa responsabilité. Et l’outil évaluatif le plus important, ce ne n’est pas l’examen ou le travail à remettre ; c’est le jugement de l’enseignant, sa capacité à observer les indices visibles et à en témoigner.

En fait, l’évaluation des élèves ne révèle pas seulement des indices sur l’apprentissage des élèves ; elle en révèle également énormément sur les pratiques pédagogiques de l’enseignant !

15
jan
7

Le gala des profs qui dérangent…

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, PédagogiePas de commentaire

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Un jour, j’ai complimenté ma plus vieille alors que ma plus jeune était tout près : « Bravo ma grande. Tu as bien travaillé ! » Et ma plus jeune de répondre : « Et moi, j’ai mal travaillé ? ». Cette petite histoire familiale banale traduit bien ce qui se produit dans le monde professionnel de l’éducation lorsque des enseignants sont félicités par leurs supérieurs immédiats ou un professionnel d’encadrement à la suite d’un accomplissement particulier :

« Moi aussi je fais de belles choses et je ne suis jamais félicité ! »

« Ce sont toujours les mêmes qui sont félicités. »

« Bon… encore le têteux de boss ! »

« C’est du favoritisme ! »

Il n’est pas facile de renforcer des enseignants dans leur travail ! À titre d’exemple, je me souviens, il y a plusieurs années, la présidente du syndicat était venue me rendre visite dans mon bureau : « Je suis mal à l’aise que tu prennes du temps dans les journées pédagogiques pour féliciter des enseignants. » J’en étais frappé de stupeur ; je ne pouvais croire que celle qui devait représenter ses membres et veiller à leurs intérêts venait expressément de me demander de cesser de les encourager et de souligner leur(s) accomplissements(s). « Oui, tu en félicites un ou deux. Et les autres ? » Elle m’a expliqué que cela rendait la majorité mal à l’aise, ainsi que les enseignants félicités.

Malheureusement, cet exemple n’est pas un cas isolé. Combien d’enseignant brillent d’ingéniosité et d’innovation sans être reconnus dans leur milieu ? Je veux bien croire que nul n’est prophète dans son pays, mais les plus persévérants iront chercher cette reconnaissance à l’extérieur de leur milieu. Voilà qui est triste et pathétique : ils ont souvent un plus grand effet dans d’autres milieux que les leurs ! Dans leur école, ils sont souvent ostracisés ou font l’objet de railleries, et ce, quand ils ne sont pas carrément victime d’intimidation !

Voilà qu’en même temps, cette profession en mal de reconnaissance est en proie aux impératifs de nivèlement vers le bas, elle qui a du mal à gérer le renforcement positif ! Quel paradoxe ! Pourtant, la reconnaissance n’est-elle pas le principal facteur d’une équipe efficace (Wils et Tremblay, 2002) ? Pour espérer une reconnaissance sociale, il faudrait bien que cette dernière vienne d’abord des pairs, non ?

Un enseignant qui brille par son sens de l’innovation et par ses initiatives en est un dont la renommée rejaillira directement sur le milieu, donc sur ses collègues. Le problème en éducation, c’est simple : quand un professionnel s’élève, ceux qui sont incapables de s’élever à leur tour se sentent menacés. Il est donc plus simple de faire le nécessaire pour ramener son collègue sur Terre plutôt que de s’élever à son tour.

Pourtant, dans plusieurs milieux professionnels, on fait le contraire. Les cabinets d’avocats sont fiers d’avoir les meilleurs dans leur firme. Lorsqu’un médecin développe une nouvelle expertise, sa renommée rejaillit sur toute sa profession et même sur le domaine de la santé au complet. Cela fouette même les autres à rivaliser d’ingéniosité à leur tour. Même les artistes ont cet effet : lorsqu’un musicien se dépasse au sein d’un groupe, c’est le groupe en entier qui en bénéficie ! Idem lorsqu’il est question de la distribution d’acteurs ou de comédiens dans un film, une série ou une pièce de théâtre. Il existe même des galas qui mettent en valeur les réalisations de certaines professions : entrepreneurs, sportifs professionnels et les artistes, mais pas pour les professionnels de l’éducation ! Il y a même l’employé du mois chez McDonald’s, mais pas dans nos écoles !

Le gala des professionnels de l’éducation

En parlant des galas, imaginez un gala des professionnels de l’éducation…

« Et l’enseignant de mathématique qui s’est le plus démarqué au Québec en 2016 est… »

Panique. On sort les quolibets et les « on sait ben… » :

« On sait ben… il enseigne au privé » ou « C’est injuste, il a moins d’EHDAA que moi » ou « Moi, j’enseigne dans un quartier défavorisé », etc.

…

« Et le directeur d’école qui s’est le plus démarqué au Québec en 2016 est… »

On continue avec les railleries :

« C’était évident. Sa femme est bien placée au cabinet du ministre » ou « Je connais un parent dont la fille va à son école. Il parait qu’il est hautain » ou « Il y a trois profs en burnout dans son école », etc.

…

« Et l’école qui s’est la plus démarquée au Québec en 2016 est… »

« C’est une école publique située dans un quartier favorisé » ou « Ils sélectionnent leurs élèves en musique, à l’éducation internationale, et au sports-études », etc.

C’est triste. Le fait est qu’en éducation, nous sommes nés pour un petit pain en s’adaptant toujours au plus faible des maillons de la longue chaine que nous constituons. Nous nous livrons trop souvent à nos plus bas instincts : jalousie, envie, commérages, etc. Ne pourrions-nous pas être fiers de ce que l’autre réalise et s’en servir comme tremplin vers notre propre croissance professionnelle ?

Nous sommes nés pour un petit pain en s’adaptant toujours au plus faible des maillons de la longue chaine que nous constituons.

La reconnaissance sociale de la profession enseignante (au sens large du terme) viendra lorsque que nous saurons constituer un rempart de fierté protégeant les meilleurs d’entre nous au lieu de les placer en situation où il est devenu obligatoire de prêter flanc aux pires critiques acerbes de nos collègues lorsque nous tentons d’innover ou de nous dépasser.

Vous trouvez que j’exagère ? Vraiment, j’en doute. Je ne peux évidemment pas certifier que cela est présent dans toutes les institutions scolaires, mais j’ai la chance de côtoyer des enseignants novateurs issus de partout au Québec et je pense qu’extrapoler ce que je décris n’est probablement pas si loin de la réalité ! Et pendant qu’on y est, si vous jugez qu’autour de vous « on félicite toujours les mêmes », eh bien… posez-vous des questions !

 

 

Wils, T. et Tremblay, M. (2006) La mobilisation des ressources humaines : une stratégie de rassemblement des énergies de chacun pour le bien de tous. La mobilisation des personnes au travail. Collection « racines du savoir » p. 34-58.

5
jan
1

Les derniers retranchements

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, PédagogiePas de commentaire

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À l’origine, nous estimions que le changement en milieu scolaire se mettrait en oeuvre par la force de la mouvance sociale, à savoir que la perméabilité entre ce qui se passe dans la société et ce qui se passe à l’école finirait rapidement par imprégner le tissu scolaire d’avant-gardisme et d’innovation. Nous avions tort; le processus se fait, certes, mais très lentement. Par la suite, nous avons compris que les résistances aux changements dans les milieux scolaires étaient dues à des réactions humaines, normales dans les circonstances : peurs, réticences, croyances établies, forte tradition, etc. En conséquence, plusieurs commissions scolaires et écoles ont mis l’accent sur le leadership transformationnel pour voir émerger le changement directement des classes. Voici quelques observations que j’ai eu l’occasion de faire cette dernière année à travers plusieurs discussions et rencontres que j’ai eues avec plusieurs agents de changements issus d’écoles du pays en entier.

Les fractures pédagogiques et technologiques

Plusieurs décideurs scolaires ont choisi d’outiller les enseignants novateurs pour leur permettre de s’affranchir des contraintes pédagogiques, culturelles et organisationnelles qui les forcent à se complaire dans un modèle scolaire qui ne leur ressemble plus. Ces décideurs voyaient une occasion de contribuer à mettre un terme au nivèlement vers le bas des pratiques pédagogiques pour offrir des modèles professionnels accessibles et rendre l’ambition des leaders locaux enfin accessible. Si cette stratégie a permis à plusieurs professionnels de l’éducation de s’élever et s’émanciper pédagogiquement, il n’en demeure pas moins qu’un autre constat se dresse : les fractures pédagogiques et technologiques se sont accrues ! Si les uns se sont élevés, d’autres sont demeurés là où ils campent depuis belle lurette. Désormais, il y a un schisme, une scission entre les pratiques novatrices des uns et celles plus traditionnelles des autres.

Et qui parcourt quotidiennement cette distance sans cesse grandissante entre les pratiques enseignantes ? L’élève. La question est désormais la suivante : comment rétrécir les fractures pédagogiques et technologiques sans compromettre l’audace pédagogique et ainsi niveler vers le bas ?

La réponse est simple en théorie, mais complexe en pratique : pour paraphraser l’inspirante , il faut adopter le « no teacher left behind » (clin d’œil au « no child left behind » américain). Il est impératif d’aller vers les enseignants rébarbatifs à revoir leurs approches pédagogiques et leur démontrer clairement ce qu’ils ont à gagner et comment leurs élèves en bénéficieraient. Peut-on leur donner accès à conseiller ou mentors pédagogiques ? Les accompagner pédagogiquement en leur permettant de se faire eux-mêmes un plan de développement professionnel ? Ou encore, peut-on les inviter dans différentes communautés d’apprentissages et de partage d’expertises professionnelles dans lesquelles ils peuvent autant contribuer qu’apprendre ?

Sachant pertinemment que pratiquement tous les enseignants qui cherchent à se réinventer le font déjà en profitant d’un contexte didactique favorable à cet égard depuis quelques années, il n’en demeure pas moins qu’il faut accepter que ce ne sont pas tous les enseignants qui sont dans cette prédisposition. Néanmoins, tous doivent instiller une mentalité de croissance professionnelle en tout respect au rythme de chacun. Il importe d’être en mouvement alors que les leaders scolaires mesurent souvent leur ascendant sur la vitesse des professionnels qu’ils aspirent à influencer.

Savoir se réinventer

Cela dit, il faut aller chercher les professionnels de l’éducation dans leurs derniers retranchements. Ils savent tous que tôt ou tard, ils devront changer leurs approches pour les moderniser. Ils savent que ce qui se passe autour d’eux finira par les forcer à adopter une nouvelle posture professionnelle. Ils s’accrochent tant bien que mal à leurs conceptions originales de ce qu’est leur propre profession.

Chaque jour, je découvre de nouveaux enseignants qui sortent de leur silo professionnel. Je les rencontre dans les médias sociaux, à des colloques, congrès, conférences, activités de réseautage, à la lecture de leurs blogues, dans des écoles, dans leurs classes, etc. On en veut plus : plus souvent et plus rapidement. Si ces « nouveaux venus » sont de plus en plus visibles, je doute que nous ayons atteint une masse critique pour faire basculer ce système désuet qui convient plus aux professionnels de l’éducation qu’à leurs élèves.

Pour 2017, j’invite tous ceux qui œuvrent dans l’éducation québécoise, à faire preuve d’audace professionnelle pour ainsi collaborer pour, ultimement, aspirer à ce que nos élèves fassent de même dans leur démarche d’apprentissage. J’invite tous les professionnels de l’éducation à sortir de leur silo dès 2017 pour rejoindre leurs confrères et consœurs et ainsi former une immense communauté d’apprentissage et de partage d’expériences qui sera à la base du renouvèlement des pratiques professionnelles en éducation, et ce, autant pour les enseignants que le personnel de soutien ou de direction.

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jan
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Six (ou sept) idées pour vous aider à améliorer votre pratique en éducation

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, Leadership, PédagogiePas de commentaire

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Dans une démarche d’amélioration professionnelle continue et de mentalité de croissance, il m’apparait important de prendre le temps de saisir l’arrivée d’une nouvelle année pour réfléchir à ce qui a bien fonctionné dans nos actions éducatives et ce sur quoi nous devons nous améliorer. À défaut d’être en mesure de le faire immédiatement, la résolution pourrait être de mettre un système permettant l’amélioration des pratiques l’année suivante.

Quoi qu’il en soit, voici six (ou sept) idées pour vous aider à améliorer votre pratique professionnelle en éducation :

Alimenter régulièrement une liste de gestion des tâches (to-do list)

La critique la plus dure, bien souvent, vient de vous-même. Dans le feu de l’action, vous réalisez que telle chose ne fonctionne pas bien ou que, la réaction de vos élèves n’est pas à la hauteur de vos attentes. Que faites-vous ensuite ? Le monde scolaire est cyclique : ce que nous faisons aujourd’hui risque fort d’être répété les années suivantes sensiblement à la même période. Cela offre donc une occasion d’amélioration. Cela dit, comment vous vous y prenez pour vous assurer de tout prendre en note pour l’année suivante ?

Je vous recommande fortement d’utiliser un logiciel de gestion des tâches. Dans tous les téléphones intelligents et ordinateurs, il y en a une, mais trouvez-en une qui se synchronise avez tous vos appareils. Vous pourrez saisir vos idées peu importe où vous êtes, au moment où vous le souhaitez. Pour ma part, j’utilise Todoist qui est intuitif, puissant, multiplateforme et disponible dans plusieurs langues, dont le français !

S’impliquer dans des activités de formation continue

Mon collègue récemment : « l’enseignant est aussi apprenant. La formation initiale n’est que ça, initiale ». Il s’agit de deux grandes vérités qui doivent faire partie de la conscience professionnelle de tout intervenant en éducation : d’une part, nos études universitaires ne sont pas suffisantes pour garantir 35 années à œuvrer auprès des jeunes qui sont à l’image d’une société en pleine évolution et, d’autre part, ces professionnels doivent adopter une posture d’apprenant. En effet, il n’y a aucune dichotomie professionnelle entre enseignement et apprentissage : les meilleurs enseignants sont souvent les meilleurs apprenants !

Les meilleurs enseignants sont souvent les meilleurs apprenants !

Enfin, la recherche en éducation est en pleine effervescence et elle est facilement accessible. Tous les professionnels en éducation doivent la consulter et se tenir à jour des avancées. Le RIRE-CTREQ est habituellement un bon carrefour scientifique en éducation et en voici un bon exemple.

Lire des livres, des articles de blogue, visionner des vlogs

On parle de plus en plus d’éducation dans les médias traditionnels. De plus en plus de praticiens ou de chercheurs écrivent des livres accessibles ou rédigent des articles de blogue. Internet regorge de ressources fantastiques pour suivre des gens inspirants qui ont des idées novatrices. Profitez de cette manne !

À titre d’exemple, lisez mon livre et celui de Jean-François Roberge, parmi tant d’autres.

Participer à une communauté d’apprentissage et de partages d’expériences professionnelles (CAPEP)

Sortez de votre silo et entrevoyez l’immensité des possibilités en éducation, lesquelles sont décuplées au contact d’autres passionnés de l’éducation. Ouvrez-vous un compte et sélectionnez minutieusement ceux qui feront désormais partie de votre garde rapprochée virtuelle. Pour savoir qui suivre sur Twitter en éducation, voici les .

Il existe également une pléthore de groupes Facebook formés d’enseignants : abonnez-vous à ceux qui vous intéressent ! Certains de ces groupes comptent des dizaines de milliers de membres ! Voilà deux façons de participer à un CAPEP en direct du confort de son foyer ou de son bureau !

Essayer une nouvelle approche

Il faut essayer de nouvelles choses; il est faux de prétendre que ce que vous faisiez il y a 15 ans peut être reconduit avec succès dans les 15 prochaines ! Vous avez certainement des formules gagnantes, certes, mais comment peuvent-elles devenir encore meilleures ? Vous avez également des formules que vous savez que vous devez changer. Pourquoi ne pas remplacer ces dernières ? Prenez votre temps pour élaborer votre nouvelle approche et lorsqu’une idée surgit, notez-la (voir point 1).

Impliquer les élèves

Les élèves doivent avoir leur mot à dire dans ce qui est à la base de leur démarche d’apprentissage. Consultez-les et mettez-les à contribution. Laissez-leur la chance d’élaborer des activités d’apprentissage et même, des activités d’évaluation. Sollicitez leur opinion. Servez-vous d’eux pour améliorer votre travail auprès d’eux.

Corrigez moins !

Pour les enseignants, corrigez moins ou plutôt, évaluez différemment. Vous certainement passez trop de temps à corriger des textes, devoirs, examens, etc. N’oubliez pas que vous avez un pouvoir de jugement et que ce dernier doit s’appuyer sur des traces. Ces traces ne sont pas seulement des évaluations conventionnelles dont la somme des pondérations doit donner 100%. Servez-vous de , de ChallengeU ou d’autres logiciels ou plateformes pour consigner les travaux des élèves et vos impressions sur leur élaboration.

Donner une rétroaction efficace à vos élèves en cours d’apprentissage permet non seulement de consolider les apprentissages et de mieux réussir, mais aussi, cela vous aide à sauver du temps de correction.

L’évaluation fait partie de l’apprentissage. Il faut cesser d’y voir une fin en soi et la considérer comme étant un outil de mesure de l’apprentissage mis en place à des moments stratégiques pour mieux adapter notre enseignement en fonction des buts à atteindre. Je sais, c’est gros : il faut changer les mentalités des élèves, des écoles, des parents, du système scolaire en entier en plus de celle des enseignants. Cependant, force est d’admettre que l’évaluation prend trop de place dans nos écoles et qu’elle est devenue trop protocolaire, officielle et lourde de conséquences. Conséquemment, elle devient source de stress et d’angoisse pour tous !

Je vous souhaite une bonne année 2017, remplie de projets.

 

Inspiré de

 

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déc
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La honte…

Posté par magirard(Parenthèses), BlogPas de commentaire

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Aujourd’hui, c’est le 6 décembre. Je me souviens encore des images à la TV il y a 25 ans. De jeunes femmes qui voulaient changer le monde en voulant exercer une « profession de gars » étaient tuées par un misogyne. 27 ans plus tard, je suis toujours autant inquiet pour les femmes, pour les filles et je ne peux m’empêcher de me dire que mes propres filles sont menacées. Je ne peux qu’espérer qu’elles seront celles qui feront changer le monde pour le rendre plus sensible, plus sensé et plus aimant. On peut toujours espérer, non ?

Bon courage à toutes ces femmes que j’admire, celles qui sont à la recherche d’un équilibre entre les sexes et celles qui sont fières de leur sensibilité, de leur douceur en étant des réelles fonceuses. Celles qui sont fières de leur nature.

J’ai été chanceux d’avoir une mère qui est l’incarnation de ces qualités et je suis choyé de vivre avec une femme qui a de l’ambition et qui est fonceuse. Mais je suis encore plus chanceux d’avoir eu un papa qui m’a montré à aimer les femmes (au sens universel du terme) sans seulement les respecter, mais surtout, de les admirer. Je vous mentirais si je vous disais que j’ai toujours été un homme modèle envers elles. Probablement que j’ai été (ou que je suis encore) macho, insistant, con, égoïste, etc., mais un fait demeure, aussi invérifiable soit-il : je n’ai jamais voulu faire de mal à une femme. Je n’ai jamais fait de mal à une femme et je ne leur ferai jamais de mal, et ce, même s’il y a des moments où, avec recul et maturité, je suis moins fier de mes gestes à leur égard.

Dans mon monde, il y a de la place pour tous. J’ai eu la chance d’être influencé par de grandes femmes qui ont façonné l’homme que je suis, dans toutes ses imperfections. Je pense, entre autres, à Suzanne Laurin et à qui ont agrémenté mon parcours universitaire. Ce sont des femmes brillantes et rigoureuses qui m’ont incité à me dépasser, à les imiter. Oui, je vous le confie : j’ai des modèles masculins, évidemment, mais j’ai des modèles féminins aussi. Ce qui est fascinant c’est qu’elles ne savent probablement pas à quel point elles ont joué un rôle important dans ma vie et comment le fait que leur féminitude a été un facteur important dans cette « relation ». Je ne le sais pas plus. Est-ce ma différence avec elles ? Le moment propice de mon développement où elles se sont retrouvées sur mon chemin ? Je l’ignore et c’est parfait ainsi !

Je me souviens qu’en 1989, nous étions désolés de voir de tels agissements dirigés contre elles. N’y a-t-il pas plus violent que de donner la mort arbitrairement à des femmes en les ciblant dans un lieu qui leur ouvre les portes de la vie et qui leur permet de s’inscrire en tant que leaders dans la société ? Je suis encore plus désolé qu’en 2016 ce soit encore le cas.  Être une femme, dans plein de pays, dont le mien, ç’a parfois l’air d’être un problème. Je rectifie : est-ce un problème d’être une femme ou est-ce un problème de vivre avec des hommes ? Être une femme ne devrait pas être un obstacle et être un homme ne devrait pas être une honte. Je crois que ce qui distingue la femme de l’homme est que la première a des façons d’exprimer sa colère de différentes façons alors que l’homme, lui, a accès à un répertoire plus limité.

Est-ce un problème d’être une femme ou est-ce un problème de vivre avec des hommes ? Être une femme ne devrait pas être un obstacle et être un homme ne devrait pas être une honte.

Oh, et en passant, je ne suis pas féministe. Je ne fais pas l’apologie des droits de la femme. Je suis humaniste; je fais l’apologie des droits de tous les humains. Les femmes n’ont pas besoin de complaisance. Elles aspirent à l’égalité. Point.

23
nov
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Le royaume des éteignoirs

Posté par magirardBlog, Blogue Éducation, LeadershipPas de commentaire

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C’est triste à écrire, mais ça fait quelques années que le cynisme a imprégné plusieurs sphères de la société occidentale. L’exemple le plus probant exprimant cette réprobation des modèles traditionnels est certainement l’élection de Donald J. Trump. En fait, la remise en question des modèles traditionnels ne m’inquiète pas. Bien au contraire ! Ce qui m’inquiète, c’est la façon dont cela se traduit dans les relations entre les humains.

Même à Percé, un lieu pittoresque et normalement tranquille, un référendum portant sur un projet de développement commercial de 1.8M$ a fait l’objet d’une réelle campagne de peur. Cela s’est traduit par le rejet du projet et la démission de six conseillers municipaux.

De Percé aux États-Unis, je vous dirais bien honnêtement qu’en éducation, l’amalgame cynisme et campagne de peur, c’est du connu !

Il est bien plus facile de s’opposer plutôt qu’agir et s’investir en se responsabilisant. Effectivement, ne rien faire désengage, mais implique une responsabilité ultérieure encore plus lourde ! Bien que cette responsabilité soit bel et bien présente, elle n’est évidemment pas assumée lors de l’échec. Ces critiques blâmeront sans retenue les initiateurs de la démarche de changement pour l’échec survenu, alors que leur désinvestissement est certainement autant à blâmer, sinon davantage. Ils ne réalisent pas qu’ils participent plus au problème qu’à sa solution. Bref, critiquer donne la possibilité de se désinvestir en se donnant le beau rôle : les critiques pourront toujours dire : « Je vous l’avais dit ! »

img_0034Ils justifient leur immobilisme en se permettant de dénigrer ceux qui se démènent pour voir au succès de l’implantation du projet. Comme quoi, pour paraphraser Carl Leblanc, romancier québécois, « certains critiques sont capables de détruire, mais incapables de créer ». Le proverbe ouzbek suivant traduit également bien cette situation : « le confort est l’énergie de celui qui ne veut pas relever de défis ».

Du courage… 

le répète ad nauseam. On a besoin de courage en éducation. J’extrapolerais : on a besoin de courage dans la société pour faire changer les choses, et ce, malgré que tous les ingrédients soient rassemblés pour nous faire craindre le pire : contextes financiers difficiles, éclatement des modèles de référence traditionnels, bouleversements sociaux, instabilité politique, etc. Il faut continuer à avoir le courage d’avancer et, justement, il faut se servir des contraintes qui nous sont imposées pour innover : comment un emprunt de 1.8M$ pour une petite ville peut-il servir de levier au développement économique régional et à la réalisation d’éventuels revenus pour une rentabilité rapide ? Dans la même veine, comment peut-on repenser nos écoles, incluant le travail de ceux qui y œuvrent quotidiennement ?

Le courage d’innover n’est peut-être pas à la portée de tout le monde. Chacun a sa personnalité. Cependant, le courage de se rallier est à la mesure de tous. Autrement dit, on peut bien débattre en long et en large, mais quand une décision est prise, il faut se rallier rapidement pour assurer la pérenn