Survivre au blues du lundi suivant

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Vous venez de terminer votre congrès. Vous êtes ragaillardi et avez la tête pleine d’idées. Votre torse est bombé de fierté et vous êtes prêt changer le monde de l’éducation dans son entièreté. Vous passez la fin de semaine à trier les idées qui se précipitent dans votre tête et vous vous évertuez à faire des changements à votre planification. Vous êtes revigoré et vous venez de donner un nouveau souffle à votre carrière. Et ça commence lundi ! Super ! Malheureusement, la réalité vous rattrapera rapidement et vous serez victime du blues du lundi suivant, à votre retour dans votre milieu.

Dur retour

Lundi, au retour à l’école, votre dynamisme se bute à l’indifférence de certains de vos collègues. Calme-toi, ça va passer ! vous lance l’un d’eux. Vous vous y attendiez, car ce dernier est tout le temps en train de se plaindre et, de toute façon, vous n’avez rien à lui envier. Vous en parlez à d’autres avec qui vous partagez davantage d’affinités et quelques-uns de votre garde rapprochée lèvent les yeux au ciel lorsque vous leur partagez vos nouvelles idées. Quelques on sait bien fusent et tournent en dérision votre récente démarche. Bref, vous vous butez au cynisme de vos propres collègues.

Bien motivé néanmoins, vous arrivez en classe. Vous menez vos nouvelles expériences pédagogiques. Des changements important sont observables puisque désormais, vous centrez l’élève au sein de sa propre démarche pédagogique. Malheureusement, les élèves sont inconfortables. Ils manifestent leur agacement en vous faisant comprendre que vos nouvelles approches impliquent des lacunes importantes à leurs yeux :

  • Vous ne répondez plus à nos questions !
  • Vous n’expliquez plus la matière !
  • Vous n’enseignez plus !
  • C’est quoi qui est à étudier ?
  • Ça va trop vite !
  • Etc.

Vos convictions sont ébranlées. Pourtant, elles n’ont pas à l’être. Qu’espériez-vous ? Que vos élèves s’adaptent aussi rapidement ? Que le modèle directif auquel ils sont habitués depuis des lustres et dans lequel ils ont développé un certain confort soit remis en question ?

Les éteignoirs

Comme si cela n’était pas suffisant, vous ne vous aidez certainement pas. Vous vous nourrissez des contraintes organisationnelles de votre école pour justifier votre propre inertie ou votre incapacité à vous adapter en alimentant ce monologue interne malsain :

  • Je n’ai pas assez de temps de planification !
  • Les élèves n’avancent pas assez vite. Je n’arriverai pas à la fin de l’année en même temps que tout le monde !
  • Je dois préparer mes élèves à un examen du ministère !
  • Ce que j’ai appris au congrès ne colle pas à ma réalité organisationnelle, à celle de mes élèves.
  • Ce ne sont que des idées !
  • Le formateur est déconnecté de la réalité du terrain !
  • Etc.

L’attitude du conquérant

Il est normal que vous doutiez, mais vous devez persévérer dans vos choix ! Ce qui fait de l’enseignement une profession d’exception est sans aucun doute que ces professionnels ont cette faculté de prendre une idée et de l’appliquer dans différents contextes, et ce, quotidiennement. C’est à vous de donner un sens à ce qui a été abordé en congrès et ce que vous souhaitez importer dans votre pratique. Cessez de rechercher les solutions clés en main. Tous les milieux scolaires sont différents et il y a autant de réalités scolaires qu’il y a d’écoles. Le chainon manquant, c’est vous ! Vous êtes le facilitateur; la réussite d’une approche donnée, importée à votre milieu, dépend de votre capacité à l’adapter à la culture de votre milieu ! À vous de garder ces idées vivantes et leur donner un sens dans votre pratique.

Autrement dit, cessez de cautionner le nivèlement vers le bas ! En cédant à cette pression de la culture établie, vous empêcher les nouvelles initiatives de prendre le dessus et de rehausser l’enseignement, et par le fait même, l’apprentissage de vos élèves.

Évertuez-vous à conserver la même prédisposition mentale que celle que vous aviez en congrès. C’est avec cette attitude que votre pratique évoluera grâce à l’ouverture que vous démontrerez. Bien sûr, les éteignoirs continueront leur coups de gueule, mais lorsque vous réaliserez que vous leur accordez trop d’importance et même, trop de crédibilité, vous serez en mesure de passer outre ces êtres profondément anxieux. À défaut de pouvoir changer ces personnages, attardez-vous à ceux qui sont ouverts et disposés à s’améliorer. Un jour, lorsque ces éléments négatifs n’auront plus d’auditoire qui les valorise, leur énergie négative s’étiolera. Vous pourrez leur tendre la main.

Bref, persévérez et soyez patients. Si vous avez été piqué par cette mouche bienveillante du développement professionnel et que vous avez des idées plein la tête, on pourra certainement vous accuser d’être naïfs, mais c’est certainement grâce à cette naïveté que vous conservez cette capacité à vous émerveiller et à émerveiller vos élèves. Vous êtes porteurs de renouveau. Ne vous laissez pas éteindre et gardez le cap. Vainquez le blues du lundi suivant ! 

Bon retour en classe !

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