Céder à l’enthousiasme

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Depuis les États généraux sur l’éducation, vous avez connu une quelconque initiative ministérielle d’une aussi grande envergure que celle proposée par le ministre de l’Éducation aujourd’hui ? Moi non. Il fallait être sur place aujourd’hui, au lancement de la Politique de la réussite éducative, pour ressentir cette authentique effervescence.

Enfin, un vent d’air frais qui vient d’en haut. Les intervenants scolaires se plaignent du manque de leadership ou de vision de la part des instances ministérielles; les voilà finalement servis !

J’ai souvent dénoncé le manque d’ambition de l’éducation québécoise à tous les points de vue. Voilà un gros pas dans la bonne direction !

Bien sûr, il faut se garder une petite gêne. Il s’agit d’une politique et une telle politique ne prend son sens que dans l’action. Les éternels opposants dénoncent que rien n’a changé sur le terrain ou que rien ne changera en septembre. C’est vrai. Les bases sont jetées et on bâtit le reste au-dessus. Ne faut-il pas commencer par là ? Une étape à la fois, non ? Soyons patients !

Peut-on prendre le temps de se réjouir de ce pas de géant et de ce vent de fraicheur ? Peut-on savourer cet optimisme ? La méfiance peut-elle laisser enfin place à l’espoir ? À l’enthousiasme ?

Le ministre l’a répété ad nauseam aujourd’hui : c’est une première étape. Il y a encore du travail à faire et il y aura des mesures plus concrètes qui arriveront durant les prochaines années. N’ai-je pas entendu 1.8 milliard de dollars ? N’ai-je pas entendu de milliers de nouvelles embauches dans nos écoles ?

Dépolitiser l’éducation

Oui, je sais… je vous ai entendus : mauvais timing pour un tel lancement… opportunisme politique… engagements préélectoraux… on s’est fait saigner et maintenant, on réinvestit… des promesses vides… on veut du concret… etc.

Vos craintes sont probablement justifiées. Votre méfiance l’est aussi. Cependant, j’aimerais faire une petite mise au point : lors d’une discussion avec le ministre (oui, je suis un des désormais fameux Crinqués), je lui faisais part de l’une de mes attentes : il faudrait dépolitiser l’éducation québécoise. Nous avons besoin de leadership et de stabilité à la tête du ministère. Il y a eu trop de ministres qui se sont succédé ces dernières années et cela n’aide en rien l’éducation québécoise. Sachant que la présence de ce dernier à la tête du ministère était conditionnelle à sa réélection et aux remaniements ministériels, serait-il possible qu’il y ait un ministre d’État à l’éducation ? Un ministre non élu ?

On pourrait débattre longtemps de cette idée, mais tel n’est pas le but du propos. Je veux tout simplement mettre l’accent sur l’importance d’évacuer le politique de l’éducation pour mettre cette dernière à l’abri des aléas budgétaires, des élections (et des promesses qui y sont associées), de la partisanerie, etc.

Pendant ce temps, à l’autre bout du spectre politique, il y a les gens de terrain. Eux aussi, ils doivent cesser de politiser l’éducation. Exit le cynisme, la ligne de partie, la partisanerie et le reste des comportements humains qui n’aident pas plus la cause de l’éducation au Québec. Bref, on converge. On travaille ensemble dans un seul et unique but : l’élève. Ses apprentissages et sa réussite scolaire.

Bref, passons un bel été. Laissons-nous porter par l’espoir et l’enthousiasme. Permettons-nous de faire ce que plusieurs ont cessé de faire en éducation depuis trop longtemps : rêvons ! Mais surtout, soyons patients et donnons la chance au coureur ! Il y a un ministre à l’écoute de ce qui se passe sur le terrain. Il semble avoir les coudées franches pour agir et changer les choses.

N’oubliez pas : tout le monde veut que ça change, mais personne ne veut changer. Pire : personne ne veut être contraint à changer ! Si vous voulez que le ministre bouge, assurez-vous d’être mobile vous aussi, car je ne pense pas que ce qui s’en vient prolongera le statu quo indéfiniment.

Bon été, bon repos… mérité !

 

 

 

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