Après le bon prof, le bon conseiller pédagogique et la bonne direction d’école, la suite logique est de poursuivre avec LA raison qui motive l’adoption de bonnes pratiques professionnelles : l’élève.
Nous avons tous nos conceptions de ce qu’est un bon élève. Principalement, c’est un enfant obéissant, respectueux des règles de vie et apte à intégrer les notions transmises par l’enseignant. Le bon élève est motivé, studieux, dévoué et travaillant. Mais peut-on réellement prétendre que la docilité de l’apprenant est ce qui fait de ce dernier un bon apprenant ?
J’ai d’ailleurs souvent parlé du fait que nos écoles sont des fabriques d’automates; nous formons des hordes de béni-oui-oui. Nos bons élèves ne sont pas là.
Les compétences du 21e siècle
En ce siècle, il est inutile de voir à éduquer les élèves de la même façon qu’au siècle précédent. La dynamique mondiale a grandement changé; la mutation des contextes sociaux, industriels, environnementaux et économiques redéfinit nos conceptions du monde dans lequel nous évoluons. Plus que jamais, notre système d’éducation doit permettre à ses élèves de développer des compétences propres au siècle actuel : la collaboration, la communication, l’utilisation des technologies, l’éthique, la résolution de problèmes complexes, la pensée critique, la créativité et l’inventivité, etc.
Les élèves ne sont pas obligés de recycler nos vieilles façons de faire pour ainsi échouer là où nous avons lamentablement échoué. Ils doivent trouver leurs propres réponses à des problématiques anciennes ou nouvelles. Notre monde a résolument besoin d’un nouveau regard et il faut cesser de s’attendre à ce que l’élève voit le monde de la même façon que nous l’avons vu lorsque nous étions à sa place. En réalité, nous n’avons jamais été à sa place : les temps ont tellement changé depuis notre passage en milieu scolaire…
Il faut donc cesser d’enseigner selon un modèle éducatif dépassé et révolu pour permettre au bon élève d’émerger pour atteindre de vrais hauts sommets de développement personnels. À l’heure actuelle, il lui est difficile de rêver grand dans un monde qui lui est volontairement réduit ou limité. N’est-il pas envisageable de prétendre qu’un élève atteint de hauts niveaux lorsque l’environnement physique et les adultes l’entourant lui permettent d’accéder à ces hauts niveaux ? Il est question ici de créer les conditions gagnantes à voir l’élève s’approprier son propre milieu scolaire.
Les hormones adolescentes
La divergence en éducation est ostracisée, et ce, autant lorsqu’il est question d’apprentissage que d’enseignement. Pourtant, c’est elle qui permet aux mentalités d’évoluer. Les bons vieux raisonnements à trajectoires rectilignes uniformes au dénouement prévisibles sont passés date. Il y a de la place pour chaque enfant dans un système d’éducation comme, à long terme, il y a une place pour chaque citoyen.
Le bon élève est celui qui sait faire valoir son unicité et sa capacité de penser hors de la boite tout en étant respectueux des règles permettant un vivre-ensemble harmonieux. Ce n’est pas seulement une question d’hormones adolescentes ! Il est bel et bien souhaitable que le bon élève remette en question le monde qui l’entoure et les modes de pensée qu’il a développés. C’est bien connu, les jeunes veulent changer le monde; c’est un bon début ! Donnons-leur le nécessaire pour le faire au lieu de saboter leurs initiatives au nom de la préservation de l’ordre établi ! Attisons le feu au lieu de l’éteindre !
Permettons-leur de se casser les dents sur des problématiques ardues afin qu’ils apprennent de leurs erreurs. En effet, le bon élève est celui qui reconnait ses échecs et les valorise pour ensuite les transformer en réussites étincelantes. L’échec est donc temporaire et, bien souvent, un passage obligé vers la réussite. Le couple échec-réussite est donc indissociable.
Le bon élève se définit par son ambition à relever des défis et à viser la réussite sans raccourcis. Il est la somme de ses réussites et il comprend qu’il est plus grand et plus fort que la somme des obstacles placés sur son chemin. Il a de l’envergure et il est avide de nouveautés. Il souhaite partir à la découverte pour satisfaire sa curiosité et ensuite démarrer le long cycle vers la valorisation et l’actualisation de son potentiel : créativité, conception, collaboration, expérimentation, réalisation et diffusion. Il aspire à l’illimité et à l’infini et souhaite y trainer son baluchon.
À l’heure actuelle, nous concevons les bons élèves d’une façon insidieuse. Ce ne sont pas les automates ou ceux qui se complaisent dans la répétition pédagogique des rangs d’ognons de nos classes, mais bien ces élèves différents, ceux qui ne s’y retrouvent pas nécessairement dans nos écoles dépassées. Ceux que nous identifions souvent comme étant nos cancres, nos décrocheurs, nos démotivés et nos trouble-fêtes sont probablement nos bons élèves. Il nous faut les rallier et les mobiliser pour enfin reconnaitre l’étendu imparfaite de nos préjugés à leur égard.