La nouvelle panacée : l’obligation de fréquentation scolaire

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Pendant que le politique s’obstine sur qui a eu l’idée originale de rallonger le parcours scolaire jusqu’à 18 ans et que cette avenue semble, soudainement, être devenue la panacée pour diminuer drastiquement le taux de décrochage scolaire, il faut se poser une vraie question : pourquoi prolonger le jeu de l’école au-delà de 16 ans ? Je dis le jeu (en fait, c’est le terme de ), car depuis des lustres, les élèves ont saisi l’astuce : enregistre ce que le prof te dit, recrache le tout sur une feuille au bon moment et vise 60%. Bingo, tu auras ton diplôme !

Déjà, alors que l’école est obligatoire à partir de 5 ans, et ce, jusqu’à 16 ans, nous observons un taux de décrochage scolaire oscillant, bon an, mal an, entre 17% et 25%. On serait en droit de douter de la pertinence de rallonger le parcours scolaire dans ce cas. Cela pourrait-il avoir pour effet de décourager les élèves de poursuivre ? Par la contrainte, nous réussirons probablement à augmenter la persévérance scolaire, mais nous créerons encore plus d’élèves fantômes ! De toute façon, ce qui compte, ce sont les chiffres et les données probantes; mais qu’en est-il de chaque élève dans chaque classe ? Comment se sentent-ils ? Sont-ils motivés ? Sont-ils heureux d’être là, en classe ? C’est le dilemme du big data et du small data que Pasi Sahlberg a présenté au Sommet international du leadership scolaire à Banff (uLead16), le mois dernier : doit-on privilégier les statistiques globales ou les observations personnalisées de chacun des intervenants scolaires.

Je n’ai aucune objection à ce que l’école débute plut tôt. Je comprends tout à fait que cela ait une incidence positive sur la réussite scolaire, surtout en milieu défavorisé. Je n’ai rien non plus contre le fait que l’obligation de fréquentation scolaire s’étende jusqu’à 18 ans. Ce qui m’importe, c’est ce qui se passe au milieu, pendant ces années de scolarisation. Ce qui m’importe, c’est ce qui se passe à l’école et dans la classe.

Qu’on commence plutôt à tenter de répondre aux questions simples, mais incessantes des élèves :

  • À quoi ça sert d’apprendre ça?

Les jeunes ont une vision à court terme. Leur répondre que ça leur servira plus tard ou l’an prochain, ils s’en foutent éperdument ! C’est ce que l’on appelle la signifiance : donner un sens aux objets d’apprentissage et à la démarche qui s’en suit.

  • Est-ce que ca compte?

Justement, voilà un signe de l’élève fantôme qui souhaite investir ses énergies où ça compte vraiment. On a beau dire que tout compte tout le temps, les élèves, en suivant l’exemple d’un bon nombre d’intervenants scolaires, ont la fâcheuse propension à niveler vers le bas et à offrir le moindre effort en espérant le meilleur résultat.

Ces questions enfantines devraient entrainer un questionnement enseignant selon : Comment transformer l’élève passif en élève actif? Passer de Quelle est la réponse? à Comment puis-je trouver la réponse?

Lorsqu’on sera en mesure de répondre à ces questions toutes simples par des gestes quotidiens, je verrai d’un bon œil que le parcours scolaire se termine à 18 ans. Pour l’instant, tant que les choses ne changent pas en éducation, 4 ans ou 5 ans, 16 ans ou 18 ans, c’est du pareil au même.

Saisissons cette opportunité pour revoir en profondeur la structure d’un système désuet et les approches pédagogiques dépassées de professionnels de l’éducation intouchables. Le débat important concerne encore et toujours les pratiques professionnelles; celui de l’âge de la scolarisation est secondaire.

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